🇫🇷​ Guerre commerciale USA : quels secteurs français pourraient trinquer ?

On parle de Trump qui suspend temporairement les droits de douane, du nouveau barème de l'impôt sur le revenu, de la baisse du seuil de TVA, des inégalités qui se creusent en France et du fonds souverain américain voulu par Trump. Pour le décryptage, on parle des secteurs qui seraient impactés en France en cas de droits de douane imposés par Trump.

Économix
7 min ⋅ 06/02/2025

Voici ce que j’ai pour vous cette semaine :

TRUMP FAIT MARCHE ARRIÈRE SUR LES DROITS DE DOUANE CONTRE LE CANADA ET LE MEXIQUE

Sous la menace d'une augmentation des droits de douane, à 25 %, le Canada et le Mexique ont cédé aux exigences de Donald Trump en matière de lutte contre l'immigration illégale, et le trafic de fentanyl. Ottawa s'est engagé à renforcer ses contrôles frontaliers avec un budget de 1.3 milliards de dollars canadiens, et la création d'une force d'intervention conjointe avec Washington. De son côté, Mexico a promis de déployer 10 000 soldats supplémentaires à sa frontière avec les États-Unis. En contrepartie, le président américain a donc accepté une trêve d'un mois sur les droits de douane. En revanche, la Chine contre-attaque face aux droits de douane de 10% supplémentaires que Trump a annoncé. Pékin a annoncé imposer des droits de douane de 15 % sur le charbon et le gaz américains. Par ailleurs, des taxes douanières de 10 % seront infligées aux importations de pétrole américain et à d'autres catégories de biens venant des États-Unis : machines agricoles, véhicules de sports de grosse cylindrée et camionnettes. Pékin a également fait part de sa décision d'ouvrir une enquête contre le géant technologique américain Google, soupçonné d'avoir enfreint sa réglementation anti-monopole. La Chine a dans le même temps annoncé l'ajout du groupe de prêt-à-porter américain PVH Corp, qui possède Tommy Hilfiger et Calvin Klein, et le géant de la biotechnologie Illumina à une liste d'”entités peu fiables ”. Les États-Unis importent beaucoup plus de Chine qu’ils n’y exportent avec une balance commerciale négative de de 270 milliards de dollars sur les 11 premiers mois de l’année 2024.

L’IMPACT DE LA REVALORISATION DE 1,8% DU BARÈME DE L’IMPÔT SUR LE REVENU

Le budget 2025 prévoit une indexation de 1,8 % des tranches afin que le barème de l’impôt suive l’évolution des salaires. Cette année, le seuil d’entrée dans l’impôt passe de 11 294 euros à 11 497 euros, la tranche à 11 % court désormais jusqu’à 29 315 euros au lieu de 28 797 euros et ainsi de suite. Et les plus hauts revenus sont imposés à 45 % au-delà de 180 294 euros contre 177 106 euros. Principale conséquence : si vos revenus n’ont pas augmenté entre 2023 et 2024, votre impôt sur le revenu va diminuer. Par exemple, si vous êtes célibataire et que vos revenus atteignaient 35 000 euros en 2023, votre impôt régularisé en 2024 s’affichait à 2 736 euros. Avec des revenus identiques en 2024, votre impôt se limitera à 2 615,48 euros cette année. Avec 50 000 euros de revenus en 2023 et 2024, toujours pour un célibataire, l’impôt recule également du même montant d’une année sur l’autre d’une année sur l’autre, passant de 6 786 euros à 6 665,48 euros. Pour un couple avec deux enfants cumulant 60 000 euros annuels paiera cette année 2 632 euros contre 2 672 euros en 2024 pour des revenus identiques.

MAUVAISE NOUVELLE POUR LES MICRO-ENTREPRENEURS : LE SEUIL DE TVA VA BAISSER EN 2025

Alors que le nombre de micro-entrepreneurs ne cesse de progresser en France en représentant une hausse 7,3% des immatriculations en 2024, le projet de loi de finances de 2025 de Bayrou va peut-être changer la donne. En fait, ce projet de loi prévoit d'abaisser le seuil d'exemption de TVA pour les petites entreprises à 25.000 euros de chiffre d'affaires annuel alors qu’il était jusqu’ici fixé à 37 500 euros. Selon Grégoire Leclercq, président de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs (FNAE), ce seuil unique conduira «”250.000 auto-entrepreneurs” supplémentaires à devoir collecter la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Concrètement, imaginons un micro-entrepreneur qui facturait des prestations à 1000€ sans appliquer la TVA, avec le nouveau seuil à 25 000 €, s'il dépasse ce montant annuel de chiffre d’affaires, il devra ajouter la TVA (20 %), ce qui fera passer le prix total facturé à 1 200 € TTC, soit 1000€ hors taxe, et 200€ de TVA. Ce qui peut donc faire grimper la note pour le client de 20% mais aussi rendre moins compétitive la micro-entreprise. Avec cette baisse du seuil de TVA pour les petites entreprises, le gouvernement espère récupérer jusqu’à 400 millions d’euros par an sous forme de TVA et contribuer à ramener la cible du déficit public à 5,4% cette année. Le président de la FNAE prédit que cette mesure incitera les auto-entrepreneurs “à la fraude” : “les gens vont tout simplement sous-déclarer leur chiffre d'affaires pour s'arrêter à 25.000 euros”.

LES INÉGALITÉS DE REVENUS EN FRANCE CONTINUENT DE SE CREUSER

Selon une étude de la direction générale des finances publiques, entre 2003 et 2022, les 40.700 foyers fiscaux les plus aisés – soit 0,1 % de la population – ont vu leurs revenus plus que doubler (+ 119 %). Tandis que les 90 % des ménages les moins riches n’ont vu leurs revenus progresser que de 39 % en moyenne sur la même période. Désormais, pour faire partie des 0,1 % les plus riches, il faut déclarer un revenu annuel d’au moins 463.000 euros, avec une moyenne qui dépasse 1 million d’euros – soit trente fois plus que le reste de la population. L’enrichissement des plus aisés diffère de la plupart des français. Contrairement à la majorité des citoyens, dont 63 % des revenus proviennent des salaires, les plus fortunés tirent leur richesse avant tout des dividendes et plus-values financières (47 %), des bénéfices de leurs entreprises (10,5 %) et de leurs revenus fonciers (3 %). Une tendance qui s’explique dans les chiffres, le prix de l’immobilier ancien en France a été multiplié par 2,6 depuis les années 2000 selon l’INSEE, et l’indice boursier parisien le CAC 40 a lui aussi doublé sur la même période, ce qui explique l’accroissement de richesse. Sur le plan de la fiscalité, toujours selon l’étude, alors que les 50 % de Français les plus pauvres ont vu leur taux d’imposition réel augmenter, celui des ménages les plus riches a baissé. “Le taux d’imposition moyen des 0,1 % les plus riches est passé de 29,3 % en 2003 à 25,7 % en 2022”. Une étude qui pourrait relancer le débat sur une taxation renforcée des plus fortunés.

DONALD TRUMP A SIGNÉ UN DÉCRET POUR CRÉER UN FONDS SOUVERAIN AMÉRICAIN

L’idée n’est pas nouvelle, par exemple la Norvège possède le fonds souverain le plus important au monde et est largement alimenté par les recettes tirées des revenus pétroliers et gaziers. Les excédents budgétaires générés par ces revenus sont transférés dans le fonds souverain plutôt que dépensés immédiatement. Une fois alimenté, le fonds investit dans des actions (71% du total), obligations (27%) et actifs immobiliers (2%) à l’international. Aujourd’hui, le fonds norvégien pèse pour 1800 milliards de dollars, possède 9000 actions d’entreprises en portefeuille, et est exposé à plus de 1500 obligations ce qui lui a permis d’afficher un rendement de 13% en 2024. Le fonds pesait seulement 44 milliards de dollars en l’an 2000, soit une progression de 4000%. Cela permet à la Norvège de générer des rendements à long terme et peut permettre de financer le budget de l’État. La Norvège n’est pas le seul pays à posséder un fonds souverain, c’est aussi le cas de l’Arabie saoudite, des Emirats Arabes Unis, de la Chine ou encore de la Russie. Donald Trump a signé un décret cette semaine pour lancer la création d’un fonds souverain américain. Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a indiqué aux journalistes que le fonds serait mis en place dans les 12 prochains mois. Donald Trump a cité les activités américaines du réseau social TikTok comme exemple potentiel d'acquisition qui pourrait être facilitée par un fonds américain, mais n'a pas donné plus de détails.


L’exploration Éco de la semaine

Qui va trinquer en France face à la guerre commerciale de Donald Trump ?

“L’Âge d’or de l’Amérique”. C’est sous ce slogan, variation de son célèbre “Make America Great Again”, que Donald Trump a prêté serment en tant que 47e président des États-Unis. Mais derrière cette promesse de grandeur se cache une réalité plus brutale pour le commerce mondial : le retour des droits de douane punitifs. À peine installé au pouvoir, Trump a remis le sujet sur la table avec son franc-parler habituel : “L’Union européenne est très mauvaise pour nous. Ils nous traitent très mal. Ils ne prennent pas nos voitures ou nos produits agricoles. En fait, ils ne prennent pas grand-chose, donc ils sont bons pour des droits de douane.”

Une taxe universelle de 10 à 20 %. C’est la menace brandie par Donald Trump contre l’Union européenne. Si Trump a brandi la menace, la réalité semble plus mesurée. “On n’a pas eu la mise en place de droits de douane à effet immédiat, alors que cela avait été annoncé pendant la campagne”, souligne Jesus Castillo, économiste chez Natixis. “Il y a bien une forme de modération et une conscience qu’on ne peut pas faire n’importe quoi.”

En clair, l’escalade commerciale n’a pas encore commencé. D’autant que l’Union européenne a, cette fois, les moyens de répliquer. Contrairement à 2018, elle s’est dotée d’outils de réponse rapide, que ce soit sur les droits de douane, l’accès au marché unique ou les marchés publics. Une riposte coordonnée est prête.

Côté impact, l’étude du CEPII (Centre d'études prospectives et d'informations internationales) met en perspective les conséquences économiques pour la France et l’Allemagne :
📉 -0,5 % d’exportations pour la France, -0,6 % pour l’Allemagne.
📉 -0,1 point de PIB en moins des deux côtés.

Pour la France, quatrième fournisseur des États-Unis avec 97 milliards d’euros d’échanges en 2023, l’impact pourrait affecter sur certains secteurs clés. Vins et spiritueux, aéronautique, pharmacie : voici les domaines qui risquent de souffrir si la Maison-Blanche enclenche sa nouvelle offensive commerciale.

Les vins et spiritueux : retour d’un cauchemar fiscal

Le spectre de 2019 plane sur la filière viticole. Cette année-là, Trump avait frappé fort : une taxe douanière de 25 % sur les vins français, puis sur les cognacs et alcools vendus à plus de 34 € le litre. Résultat ? Un effondrement de 40 % des exportations vers les États-Unis et une perte sèche de 500 millions d’euros pour les producteurs français.

Aujourd’hui, l’administration Trump parle d’une taxe entre 10 et 20 %. Pas encore de confirmation officielle, mais une menace qui fait trembler le secteur. Les États-Unis, premier marché pour les vins français (22 % des exportations), représentent 3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. La Fédération des exportateurs de vins alerte déjà sur un scénario catastrophe si Washington réactive ses barrières tarifaires.

L’aéronautique : un secteur en sursis

Deuxième grand pilier des exportations françaises, l’aéronautique a rapporté 7,9 milliards d’euros en 2023, soit 17,6 % du total des exportations vers les États-Unis. Pour l’instant, le Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) reste serein : en 2021, un accord entre l’UE et les États-Unis avait suspendu pour cinq ans les surtaxes imposées après le conflit Airbus-Boeing.

Mais le vent pourrait tourner. Si Trump décide de rétablir des droits de douane, les industriels pourraient être poussés à renforcer leur présence locale. Olivier Andriès, directeur général de Safran, rappelait en novembre dernier que son groupe avait déjà 25 % de ses effectifs en Amérique du Nord. Un moyen de contourner d’éventuelles barrières tarifaires en produisant directement sur place.

Le médicament sous pression

Peu médiatisé, mais crucial : le secteur pharmaceutique français a exporté pour 4,1 milliards d’euros vers les États-Unis en 2023. Un poids lourd. Mais Trump veut rapatrier l’industrie du médicament sur le sol américain et rééquilibrer la balance des prix : les États-Unis payent bien plus cher leurs médicaments que l’Europe, où la régulation est plus stricte.

Fabien Riolet, directeur général de Polepharma, le plus grand cluster européen du médicament, tire déjà la sonnette d’alarme. “Le marché américain, c’est 40 % du marché mondial. Un changement de politique commerciale aurait un impact énorme”, explique-t-il. Délocalisation de la production, baisse des investissements en France : le scénario inquiète les laboratoires.

Le luxe, protégé par ses clients ?

Bernard Arnault, le patron de LVMH, était à l’investiture de Donald Trump. Simple présence symbolique ou gage de protection pour l’industrie du luxe ? Ce secteur représente 12 % des exportations françaises vers les États-Unis, mais bénéficie d’un atout : la clientèle américaine haut de gamme.

Selon Olivier Abtan, analyste chez Alix Partners, “l’élection de Trump rassure les Américains aisés. Ils sont optimistes sur leur avenir économique, s’attendent à des baisses d’impôts et consomment davantage, notamment des produits de luxe”. Une position qui pourrait permettre au secteur d’amortir le choc d’une guerre commerciale.

Un bras de fer économique à venir

Pour l’instant, Donald Trump n’a pas précisé son calendrier ni l’ampleur exacte des taxes qu’il compte appliquer. Mais une chose est sûre : la France, qui affichait encore un déficit commercial de 17 milliards d’euros 2024, a tout à perdre dans cette confrontation.

Balance commerciale entre la France et les États-Unis
https://www.census.gov/

Emmanuel Macron a d’ores et déjà prévenu : si l’Europe est attaquée, elle devra “se faire respecter”. La question est désormais de savoir si Bruxelles répondra coup pour coup, ou si l’économie française devra encaisser seule les secousses de cette nouvelle guerre commerciale.


Le Graph’ de la semaine

La popularité croissante de TikTok


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Laurent - Cosmos Finance

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