🇪🇺​ L'Europe veut exploiter ses mines et terres rares

On parle de la fiscalité sur les donations, d'une journée d'action contre Musk, du boycott des produits américains, du nombre de décès en France et des droits de douane de Trump sur l'automobile. Pour le décryptage, on parle des projets européens pour exploiter les terres rares et métaux stratégiques.

Économix
7 min ⋅ 27/03/2025

Voici ce que j’ai pour vous cette semaine :

GÉRALD DARMANIN VEUT “ZÉRO FISCALITÉ” SUR LES DONATIONS

Le ministère de la Justice plaide pour une réforme libérale : "Il faut mettre zéro fiscalité sur les donations. De mon vivant, je donne ce que je veux, le montant que je veux, à qui je veux." a-t-il déclaré sur le plateau de BFM en début de semaine. Pour bien comprendre la portée de cette déclaration, il faut d’abord saisir le fonctionnement du système actuel. Aujourd’hui, il existe des abattements fiscaux qui permettent à un donateur (la personne qui fait la donation) de ne pas payer de droits de mutation à titre gratuit (DMTG) — autrement dit, l’impôt prélevé par l’État lorsqu’un bien ou une somme d’argent est transmis sans contrepartie, que ce soit par donation (de son vivant) ou par succession (au décès). Ces abattements dépendent du lien de parenté entre le donateur et le donataire (la personne qui reçoit). Par exemple :

  • Un enfant peut recevoir jusqu’à 200 000 € (100 000 € par parent) tous les 15 ans, sans impôt.

  • Entre un grand-parent et un petit-enfant : l’abattement est de 31 865 €.

  • Entre frère et sœur : 15 932 €, toujours sur une période de 15 ans.

    Les abattements en fonction du lien de parenté

Au-delà de ces abattements, des droits de donation s’appliquent selon un barème progressif, lui aussi basé sur le lien de parenté. Par exemple, en ligne directe (parent → enfant) :

  • 5 % entre 0 et 8 072 €

  • 20 % entre 15 932 € et 552 324 €

  • 30 % entre 552 324 € et 902 838 €

    Barème progressif des droits de donation en ligne directe

C’est ce système fiscal que Gérald Darmanin souhaite remettre en question, en proposant d’y mettre fin dans le cadre d’une réforme des règles de donation.

UNE JOURNÉE MONDIALE D’ACTION CONTRE ELON MUSK EST PRÉVUE CE SAMEDI 29 MARS

"Vendez vos Tesla, lâchez vos actions, rejoignez la mobilisation." C’est le slogan scandé par les détracteurs d’Elon Musk aux États-Unis, réunis sous le mouvement "Tesla Takedown". Ce collectif appelle les anti-Musk à se rassembler devant les points de vente de la marque, à se débarrasser de leurs actions Tesla, voire de leurs véhicules, dans l’espoir de nuire à l’image du patron emblématique de la marque. Le mouvement "Tesla Takedown" se présente comme “un mouvement de contestation pacifique”, visant directement le constructeur de véhicules électriques pour atteindre le milliardaire, désormais proche de Donald Trump. Depuis l’investiture du président américain, Musk soutient une politique de réduction massive des dépenses fédérales, avec à la clé la suppression de certaines agences et le licenciement de dizaines de milliers de fonctionnaires. Cette fronde vient s’ajouter à une conjoncture déjà compliquée pour Tesla. Les ventes de la marque ont chuté de 49 % en un an, sur les mois de janvier et février 2024, dans l’Union européenne. Une dégringolade attribuée à la montée en puissance de nouveaux modèles de véhicules électriques, plus modernes, notamment chinois et européens — mais aussi, selon certains, au comportement controversé d’Elon Musk. Paradoxalement, alors que les immatriculations de véhicules électriques ont progressé de 28,4 % sur la même période dans l’UE, Tesla voit sa part de marché s’effriter. Dans ce contexte, le géant chinois BYD a pris l’avantage : en 2024, il a généré 107,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires, contre 97,7 milliards pour Tesla. Résultat : l’action de BYD a bondi de plus de 50 % depuis le début de l’année, pendant que celle de Tesla reculait de 30 %.


BYD VS Tesla en Bourse (2025)
Zonebourse

LES FRANÇAIS SONT FAVORABLES AU BOYCOTT DES PRODUITS AMÉRICAINS

Près d’un tiers des Français (32 %) déclare actuellement boycotter des produits d’une marque ou d’une entreprise américaine, selon une étude Ifop pour le site de tourisme NYC.fr. Un boycott motivé par la multiplication des menaces de droits de douane émises par Donald Trump à l’encontre de ses partenaires commerciaux, notamment l’Union européenne. La politique intérieure et étrangère du président américain constitue le principal facteur de boycott évoqué par les Français. Ce rejet a également renforcé une forme de patriotisme économique, à la fois national et européen : 62 % des sondés affirment vouloir soutenir les entreprises et l’emploi français, et 56 % déclarent vouloir défendre les intérêts économiques européens face à la politique commerciale de Trump. Parmi les marques les plus concernées par ce boycott : Coca-Cola arrive en tête (citée par 48 % des sondés), suivie de McDonald’s (44 %), puis Tesla (19 %). Les enseignes de restauration rapide Starbucks (15 %) et KFC (12 %) sont également visées, tout comme le réseau social X (ex-Twitter), rejeté par 10 % des participants à l’étude. Les marques américaines sont particulièrement exposées lorsqu’il existe des alternatives européennes ou asiatiques facilement substituables. C’est notamment le cas dans les secteurs : de l’automobile (61 % de boycott potentiel), des chaussures de sport (53 %), ou des vêtements (52 %). En revanche, les Français se montrent plus réticents à boycotter les géants américains de la tech, auxquels ils sont souvent très dépendants. C’est le cas des réseaux sociaux, des plateformes d’e-commerce et de livraison comme Amazon ou eBay, ainsi que des logiciels professionnels comme Microsoft Office ou Teams.

LE NOMBRE DE DÉCÈS DEVRAIT DÉPASSER CELUI DES NAISSANCES EN FRANCE DÈS 2027

Le nombre de décès devrait dépasser celui des naissances en France dès 2027. Chute des naissances, vieillissement accéléré de la population : la France se trouve aujourd’hui confrontée à un taux de fécondité de 1,62 enfant par femme, soit bien en dessous du seuil de renouvellement des générations fixé à 2,1 enfants par femme, seuil pourtant franchi dans les années 1970. Conséquence directe, selon les chercheurs de l’Institut national d’études démographiques (Ined), dans seulement deux ans, les décès devraient pour la première fois dépasser les naissances sur le territoire français. Cette hausse de la mortalité s’explique principalement par l’arrivée aux âges avancés des générations issues du baby-boom, nées entre 1946 et 1974. Ainsi, alors que jusqu’en 2010, environ 550 000 décès étaient recensés chaque année en France, leur nombre est passé à 646 000 en 2024, et devrait atteindre 800 000 par an d’ici à 2040 selon l’Ined. Par ailleurs, le nombre de naissances est tombé à son plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans ce contexte, seul le solde migratoire positif empêche aujourd’hui la diminution de la population française. Selon l’INSEE, le solde migratoire était de 183 000 personnes en 2023, ce qui signifie que les arrivées sur le territoire ont dépassé les départs de ce nombre. Grâce à cette immigration, la population pourrait atteindre un pic à 69,3 millions d’habitants entre 2040 et 2045 avant de commencer à décliner. Cette évolution démographique pèse directement sur la viabilité du système de retraite par répartition actuel : alors qu’en 1980, seulement 17 % des Français avaient plus de 60 ans, cette proportion est aujourd’hui de 25 %, et elle continuera d’augmenter. Selon l’INSEE, en 2050, il y aura 54 retraités pour 100 actifs, contre 37 actuellement. Alors qu’en 1945, quatre actifs cotisaient pour chaque retraité, en 2050 ce ratio devrait tomber à seulement 1,3 actif par retraité. Dans un système où la durée de versement des pensions s’allonge et où les retraités deviennent toujours plus nombreux par rapport aux actifs, la question du financement des retraites demeurera incontournable dans les débats publics à venir.

DONALD TRUMP A ANNONCÉ 25% DE DROITS DE DOUANE SUR LE SECTEUR AUTOMOBILE

Donald Trump annonce 25 % de droits de douane sur tous les véhicules importés aux États-Unis à partir du 2 avril. Mercredi soir, depuis le Bureau ovale, le président américain a qualifié cette mesure de “Jour de la Libération en Amérique”, en révélant cette nouvelle salve tarifaire visant le secteur automobile, en complément des droits de douane déjà prévus sur l’acier et l’aluminium, eux aussi taxés à hauteur de 25 %. “Ce que nous allons faire, ce sont des droits de douane de 25 % sur toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux États-Unis. Si elles sont fabriquées aux États-Unis, il n’y aura absolument aucun droit de douane”, a précisé Trump. Un responsable de l'administration a ajouté que les pièces détachées seraient également concernées par ces nouveaux tarifs. Parmi les pays les plus touchés figurent le Mexique, qui exporte environ 50 milliards de dollars de véhicules vers les États-Unis, l’Union européenne (45 milliards), le Japon (40 milliards), ainsi que le Canada et l’Allemagne (entre 20 et 30 milliards chacun). Près de la moitié des véhicules vendus aux États-Unis sont actuellement importés, et même les voitures assemblées sur le sol américain contiennent en moyenne 60 % de pièces d’origine étrangère, selon Bernstein, une société américaine de gestion d’actifs. L’impact sera moindre pour Tesla, d'après une analyse de la banque d’investissement Jefferies, car l'entreprise assemble 100 % de ses véhicules destinés au marché américain sur le territoire national. Ce qui n’est pas entièrement le cas d’autres grands constructeurs comme Mercedes, Ford, BMW, General Motors, Stellantis, Nissan et Volkswagen. Jeudi matin, Donald Trump a mis en garde l’Union européenne et le Canada contre toute tentative de collaboration en vue d’une riposte commerciale contre les États-Unis. Dans un message publié sur Truth Social, il a prévenu qu'une telle réponse entraînerait des droits de douane “bien plus élevés que ceux actuellement prévus”.


L’exploration Éco de la semaine

L'Europe entre dans la course aux métaux stratégiques : le réveil d’un géant endormi

Après avoir longtemps dormi sur ses ressources minières, l'Europe se réveille brusquement. Mardi 25 mars, le commissaire européen à l’Industrie, Stéphane Séjourné, a dévoilé un plan ambitieux destiné à libérer le continent de sa dépendance extrême vis-à-vis de pays tiers, en particulier la Chine. “Nous ne voulons pas remplacer notre dépendance aux combustibles fossiles par une autre dépendance aux matières premières”, a martelé Séjourné, donnant le ton d'une nouvelle stratégie industrielle agressive.

Le plan présenté est clair : ouvrir des mines, accélérer les sites de raffinage et multiplier les infrastructures de recyclage. Au total, 47 projets stratégiques ont été sélectionnés dans 13 pays européens. Objectif : exploiter localement des métaux indispensables comme le lithium, le cobalt, le nickel, le manganèse, mais aussi le germanium, crucial pour l'industrie militaire, afin de briser la mainmise chinoise sur ces ressources critiques.

Carte des 47 projets stratégiques sélectionnés pour la Commission européenne - Commission européenne

La Chine règne aujourd'hui sans partage, contrôlant jusqu'à 85 % des capacités mondiales de raffinage des terres rares et métaux critiques. Depuis vingt ans, Pékin mène une stratégie patiente de prise de contrôle des ressources minières en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche et son appétit dévorant pour les ressources du Groenland, l'Europe ne peut plus rester spectatrice sous peine de devenir une puissance secondaire, incapable d’assurer seule son avenir énergétique, industriel et militaire.

Parmi les projets clés sélectionnés en Europe, la France tire son épingle du jeu avec deux initiatives majeures pour l'extraction et la transformation du lithium. Le premier, porté par Imerys dans l'Allier, doit démarrer en 2028, avec une capacité suffisante pour équiper chaque année 700 000 voitures électriques pendant 25 ans. Le second projet français, celui d'Eramet en Alsace, innove par une extraction du lithium via géothermie dans les saumures profondes des eaux salées, prévue dès 2027.

Mais le défi reste immense, notamment en termes d’acceptabilité sociale. L’Europe, hantée par les images sombres de son passé minier, doit convaincre ses citoyens de la nécessité de relancer des activités industrielles lourdes. Stéphane Séjourné en est conscient : “Nous devons travailler à une politique d'acceptabilité sociale”, souligne-t-il. Le commissaire promet que ces nouvelles mines respecteront strictement toutes les normes environnementales et sociales en vigueur, tout en accélérant les procédures administratives de dix ans actuellement à seulement 27 mois.

Le recyclage joue aussi un rôle pivot dans cette stratégie. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le développement massif du recyclage pourrait réduire de 40 % les besoins en cuivre et en cobalt extraits directement des mines et de 25 % pour le lithium et le nickel d'ici 2050. Deux grands projets de recyclage français ont été sélectionnés pour accompagner ce mouvement vers une économie circulaire.

Face à cette politique volontariste, certaines ONG restent prudentes. La "Raw Materials Coalition" a exprimé des inquiétudes quant à la transparence des projets retenus, craignant que l’Europe privilégie l’extraction pure à la réduction durable de la demande. Séjourné répond fermement : “Soyons clairs, nous sommes dans l’obligation d’ouvrir de nouvelles mines en Europe”, rappelant que sans gallium, cuivre ou terres rares, aucune transition énergétique ni souveraineté industrielle n’est envisageable.

Cette annonce n’est qu’une première étape. D’autres projets stratégiques situés hors du territoire européen pourraient bientôt être retenus, avec notamment des initiatives au Groenland ou en Ukraine, désormais éligibles au statut de projet stratégique européen.

Le message est clair : l'Europe s’est réveillée. La course mondiale aux ressources minières est désormais une bataille géopolitique où le vieux continent entend reprendre une position centrale, assurant ainsi sa souveraineté économique, industrielle et stratégique. D’ici cinq ans, elle pourrait même devenir entièrement autonome en lithium, changeant radicalement la donne face aux puissances concurrentes.


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Laurent - Cosmos Finance

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Par Laurent Cosmos Finance

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