đŸ‡«đŸ‡·â€‹ Motion de censure adoptĂ©e : les consĂ©quences pour votre portefeuille

On parle de Trump qui lance un avertissement sévÚre aux BRICS+, de Macron en Arabie saoudite, le bitcoin franchit les 100 000 dollars, le CAC 40 enregistre l'une des pires performances d'Europe et le Russell 2000 surperforme le SP500". Pour le décryptage, on parle des conséquences de la motion de censure sur l'économie.

Économix
10 min ⋅ 05/12/2024

Voici ce que j’ai pour vous cette semaine :

DONALD TRUMP LANCE UN AVERTISSEMENT SÉVÈRE AUX BRICS+

Le prĂ©sident Ă©lu a menacĂ© d’imposer des droits de douane “jusqu’à 100%” s’ils cherchent Ă  affaiblir la domination du dollar amĂ©ricain. En effet, depuis plusieurs annĂ©es le bloc des BRICS+, composĂ© du BrĂ©sil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l'Égypte, de l'Éthiopie, de l'Iran et des Émirats arabes unis, envisage en effet d’abandonner le billet vert dans leurs Ă©changes internationaux ou de crĂ©er une nouvelle monnaie commune. Donald Trump a dĂ©clarĂ© sur Truth Social : “Nous exigeons de ces pays qu'ils s'engagent Ă  ne pas crĂ©er une nouvelle monnaie des BRICS, ni Ă  soutenir une autre monnaie pour remplacer le puissant dollar amĂ©ricain, faute de quoi, ces pays seront soumis Ă  des droits de douane Ă  100 % et devront s'attendre Ă  dire adieu Ă  leurs ventes dans la merveilleuse Ă©conomie amĂ©ricaine”. Le dollar reprĂ©sente environ 58 % des rĂ©serves de change mondiales, selon le FMI, et les principales matiĂšres premiĂšres, comme le pĂ©trole, sont encore principalement achetĂ©es et vendues en dollars. Cela permet aux États-Unis de pouvoir emprunter Ă  un coĂ»t relativement bas puisque tous les pays et investisseurs ont besoin du dollar pour commercer Ă  l’international. Pour obtenir ces dollars, ils achĂštent des titres de dette libellĂ©s en dollars et en consĂ©quence, le gouvernement amĂ©ricain a accĂšs Ă  un Ă©norme pool de liquiditĂ©s Ă  des taux d’intĂ©rĂȘt bas pour financer sa dette publique. Les États-Unis bĂ©nĂ©ficient d’un cercle vertueux oĂč la demande mondiale de dollars maintient la confiance dans leur Ă©conomie et rĂ©duit les contraintes budgĂ©taires sur leurs dĂ©penses publiques. Ce mĂ©canisme est souvent qualifiĂ© de "privilĂšge exorbitant".

EMMANUEL MACRON A SIGNÉ DES PARTENARIATS STRATÉGIQUES EN ARABIE SAOUDITE

En dĂ©but de semaine, Ă©loignĂ© de la crise politique en France, le prĂ©sident français et le prince Mohammed Ben Salmane ont annoncĂ© avoir renforcer les liens entre les deux pays notamment sur les volets de la transition Ă©nergĂ©tique, la dĂ©fense, la mobilitĂ©, la culture. Pour cette visite Emmanuel Macron Ă©tait accompagnĂ© d'une cinquantaine de patrons de grands groupes français (Total, EDF, Veolia, Dassault, ThalĂšs...) et de start-up (Pasqal, Alan, Mistral...) stratĂ©giques pour l’économie future du royaume. En fait, Mohammed Ben Salmane avait annoncĂ© en 2016 son projet “Vision 30” qui a pour but de transformer le pays sur les plans Ă©conomique, social et environnemental pour diversifier son Ă©conomie, actuellement dĂ©pendante du pĂ©trole, et moderniser ses infrastructures. L’Arabie saoudite a aussi pour ambition de crĂ©er The Line, une ville linĂ©aire sans voitures ni Ă©missions de carbone, et d'autres initiatives axĂ©es sur l'intelligence artificielle, la biotech et le tourisme. Dans ce cadre, les grands groupes français ont pour ambition de signer des contrats juteux avec le royaume. L’Arabie saoudite accueillera aussi l'Expo universelle en 2030 et peut-ĂȘtre le Mondial de foot en 2034, des Ă©vĂ©nements qui attirent globalement de nombreux capitaux. Les deux dirigeants sont notamment “convenus de travailler de concert “ Ă  la prĂ©paration du Sommet sur l'Intelligence artificielle qui aura lieu en fĂ©vrier Ă  Paris, a prĂ©cisĂ© l'ElysĂ©e dans un communiquĂ©. Emmanuel Macron et MBS ont aussi indiquĂ© qu'ils allaient “poursuivre les efforts diplomatiques” pour consolider le cessez-le-feu entre IsraĂ«l et le Liban. Le prĂ©sident et le prince hĂ©ritier ont aussi insistĂ© sur une ”prioritĂ©â€: ”la mise en place d'un cessez-le-feu sans plus attendre Ă  Gaza”.

LE BITCOIN FRANCHIT POUR LA 1ÈRE FOIS LES 100.000 DOLLARS

En atteignant les 104 000 dollars dans la nuit de mercredi Ă  jeudi, la cryptomonnaie a atteint les 6 chiffres pour la premiĂšre fois depuis son lancement en 2009. Depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, le bitcoin est en hausse de plus de 140% et a progressĂ© de plus de 45% depuis l’élection de Trump le 5 novembre dernier. AprĂšs avoir qualifiĂ© les cryptomonnaies d’escroquerie durant son premier mant entre 2017 et 2021, le prĂ©sident Ă©lu a changĂ© son fusil d’épaule pendant sa campagne - en partie financĂ©e le secteur. Il jure dĂ©sormais qu’il fera des États-Unis “la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies” et souhaite crĂ©er une rĂ©serve stratĂ©gique de bitcoins aux États-Unis. Mais une annonce de Trump dans la nuit de mercredi Ă  jeudi Ă  particuliĂšrement aidĂ© le bitcoin Ă  franchir le cap des 100 000 dollars. Le prĂ©sident a annoncĂ© qu’il prĂ©voyait de nommer l’avocat rĂ©publicain Paul Atkins Ă  la tĂȘte de l'AutoritĂ© amĂ©ricaine de rĂ©gulation des marchĂ©s financiers (SEC). L’an dernier, Paul Atkins avait critiquĂ© publiquement les responsables de la SEC, estimant qu’ils auraient dĂ» se montrer «plus accommodants» avec les entreprises des “cryptos” et accusant leur approche de dĂ©tourner les entrepreneurs du marchĂ© amĂ©ricain. Donald Trump a commentĂ© sur Truth Social : “Paul reconnaĂźt que les actifs numĂ©riques sont cruciaux pour rendre l’AmĂ©rique encore plus grande qu’elle l’a jamais Ă©tĂ©â€. Paul Atkins succĂ©dera Ă  Gary Gensler, l’ancien prĂ©sident de la SEC, dont l’approche rĂ©pressive Ă  l’encontre des cryptomonnaies hĂ©rissait le secteur avec des poursuites judiciaires contre des gĂ©ants de l’industrie crypto.

L’INDICE BOURSIER CAC 40 ENREGISTRE L’UNE DES PIRES PERFORMANCES EN EUROPE DEPUIS LE DÉBUT DE L’ANNÉE

Les 40 plus grosses sociĂ©tĂ©s françaises cotĂ©es en bourse enregistrent collectivement une baisse de -3,81% depuis le 1er janvier, lĂ  oĂč les autres principaux indices boursiers en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Espagne, au Royaume-Uni inscrivent des hausses entre +6% et +19%. Pire, depuis la date de la dissolution de l’AssemblĂ©e nationale par Emmanuel Macron le 9 juin 2024, le CAC 40 enregistre quasiment -10%, toujours lanterne rouge. Si l’on s’intĂ©resse de plus prĂšs aux principales chutes des titres du CAC40 depuis le 1er janvier, on retrouve sur le podium des pires performances : STMicroelectronics Ă  -46%, Kering Ă  -44,60% et Edenred Ă  -43%. Alors plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phĂ©nomĂšne : Tout d’abord, la dissolution de l’AssemblĂ©e nationale a gĂ©nĂ©rĂ© une incertitude politique importante dans le pays. Une incertitude qui se traduit aujourd’hui quelques mois plus tard par un renversement du gouvernement Barnier face Ă  une motion de censure votĂ©e par les dĂ©putĂ©s. Cette instabilitĂ© a largement contribuĂ© Ă  rendre rĂ©ticents les investisseurs d’investir en France. Par ailleurs, la situation financiĂšre de l’État français avec un dĂ©ficit qui atteint 112% du PIB, un des plus importants de la zone euro, et une dette publique qui dĂ©passe les 3200 milliards d’euros exacerbent le sentiment nĂ©gatif des investisseurs. Pour preuve, les obligations d’État françaises ont vu leurs rendements augmenter aprĂšs la dissolution. L’écart entre le taux d’emprunt Ă  10 ans allemand et le taux Ă  10 ans français, qu’on appelle spread, atteint 0,86%, un niveau qui n’avait pas Ă©tĂ© atteint depuis 2012. TrĂšs concrĂštement, Berlin emprunte Ă  2,07% sur 10 ans lĂ  oĂč Paris emprunte Ă  2,93%, signe que les investisseurs perçoivent la dette française de plus en plus risquĂ©e et donc ce qui accentue encore les incertitudes sur le marchĂ© français.

LES PETITES ENTREPRISES AMÉRICAINS S’ENVOLENT EN BOURSE DEPUIS L’ELECTION DE TRUMP

Si on regarde l’indice Russell 2000 qui rassemble donc les 2000 petites sociĂ©tĂ©s cotĂ©es en bourse parmi les 3000 plus grandes des États-Unis, depuis l’élection de Trump le 5 novembre, cet indice surperforme l'indice SP500 qui rassemble les 500 plus grosses sociĂ©tĂ©s amĂ©ricaines comme Apple, Microsoft, Nvidia, Amazon etc. Le Russell 2000 a progressĂ© de quasiment 10%, lĂ  oĂč le SP500 enregistre +5,60% depuis le 5 novembre. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phĂ©nomĂšne : Tout d’abord avec l’arrivĂ©e de Trump, les investisseurs s’attendent Ă  ce que les rĂ©ductions d'impĂŽts prĂ©vues par l'administration du nouveau prĂ©sident bĂ©nĂ©ficient davantage aux petites entreprises. Comme elles sont majoritairement basĂ©es aux États-Unis, leur exposition aux avantages fiscaux locaux est plus importante que celle des multinationales. Par ailleurs, l’augmentation des droits de douane prĂ©vue sur les importations favorise les entreprises locales moins exposĂ©es au commerce international. Les investisseurs s’attendent aussi Ă  ce que la perspective de baisse des taux d'intĂ©rĂȘt de la Banque centrale amĂ©ricaine profite Ă  ces entreprises en Ă©voluant dans un environnement de taux bas. En revanche, si l’économie amĂ©ricaine venait Ă  ralentir, si Trump mettait fin Ă  certaines mesures fiscales avantageuses, les petites entreprises seraient alors probablement plus impactĂ©es que les grosses multinationales.


L’exploration Éco de la semaine

Quelles conséquences pour les Français si le gouvernement Barnier tombe ?

La motion de censure a finalement Ă©tĂ© adoptĂ©e mercredi 4 dĂ©cembre dans la soirĂ©e par 331 dĂ©putĂ©s, soit 43 de plus que le seuil requis de 288 voix. L'Ă©quipe de Michel Barnier devrait gĂ©rer les affaires courantes jusqu’à la nomination d’un successeur. Mais en tant que gouvernement dĂ©missionnaire, il n’a normalement pas la possibilitĂ© lĂ©gale de reprendre les textes budgĂ©taires qui Ă©taient en discussion, ou de prĂ©senter des nouveaux textes. Cela rend donc trĂšs incertaine l’adoption d’un projet de loi de finances pour 2025 avant la date limite fixĂ©e au 31 dĂ©cembre 2024.

Une instabilité budgétaire lourde de conséquences

Le budget 2025, Ă©laborĂ© pour rĂ©duire le dĂ©ficit public de 6,1 % en 2024 Ă  5 % en 2025, est donc purement et simplement abandonnĂ©. Ce plan, qui visait Ă  gĂ©nĂ©rer 60 milliards d’euros d’économies et de recettes supplĂ©mentaires, se verrait remplacĂ© par une “loi spĂ©ciale” prĂ©vue par l’article 47 de la Constitution.

ConcrĂštement, cela signifierait une reconduction du budget 2024, accompagnĂ©e de gels des crĂ©dits ministĂ©riels, engendrant 15 Ă  18 milliards d’économies. Cependant, l’absence d’indexation du barĂšme de l’impĂŽt sur le revenu sur l’inflation ferait entrer 380 000 nouveaux foyers dans l’impĂŽt, et 17 millions de mĂ©nages paieraient davantage, gĂ©nĂ©rant 3 milliards d’euros de recettes supplĂ©mentaires. Ce surcroĂźt de recettes serait toutefois compensĂ© par une perte de 3 milliards d’euros due Ă  la revalorisation automatique des retraites prĂ©vue au 1er janvier.

L’incertitude gĂ©nĂ©rĂ©e par une motion de censure pourrait Ă©galement faire grimper les coĂ»ts de financement de la dette française. Selon le ministre des Comptes publics, une hausse d’un point des taux d’intĂ©rĂȘt entraĂźnerait un surcoĂ»t immĂ©diat de 3,5 milliards d’euros en 2025, atteignant 20 milliards d’ici cinq ans et 30 milliards Ă  l’horizon 2030. Cette pression financiĂšre pourrait forcer la France Ă  prendre des mesures d’austĂ©ritĂ© similaires Ă  celles de l’Italie, avec des excĂ©dents primaires pour rembourser la dette.

Des répercussions multiples sur les ménages et les entreprises

L’impact de la censure se ferait sentir dans plusieurs domaines stratĂ©giques :

FiscalitĂ© et pouvoir d’achat :

L’absence d’indexation de l’impĂŽt sur le revenu toucherait principalement les classes moyennes et populaires, tandis que les foyers les plus modestes seraient davantage impactĂ©s par la stagnation de certaines aides sociales. En revanche, les plus hauts revenus bĂ©nĂ©ficieraient de la suspension des augmentations fiscales prĂ©vues.

En effet, chaque annĂ©e, au cours de l’examen du projet de loi de finances, les parlementaires revoient le barĂšme de l’impĂŽt sur le revenu, qui est revalorisĂ© pour tenir compte de l’inflation. Cette annĂ©e, dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs ont adoptĂ© la proposition du gouvernement visant Ă  augmenter de 2 % chaque tranche de ce barĂšme pour 2025. Mais, si ce sont les dispositions du budget 2024 et donc le barĂšme de l’an dernier qui sont reconduits, alors les diffĂ©rentes tranches d’imposition ne prendront finalement pas en compte l’inflation. MĂ©caniquement, il faudra donc un revenu moins Ă©levĂ© que prĂ©vu pour ĂȘtre concernĂ© par l’impĂŽt sur le revenu, ou voir son taux d’imposition augmenter. À titre d’exemple, un cĂ©libataire sans enfant Ă  charge entrerait dans la premiĂšre tranche d’imposition Ă  partir de 11 295 euros de revenus net imposables perçus en 2024, contre 11 521 euros si le barĂšme avait Ă©tĂ© réévaluĂ©.

À combien se chiffreront les pertes pour les mĂ©nages ? Selon l’OFCE, qui avait Ă©tudiĂ© cette possibilitĂ© dans un rapport dĂšs le 1er octobre, “les mĂ©nages proches du niveau de vie mĂ©dian perdraient entre 50 et 100 euros par an”, soit “entre 0,2 % et 0,3 % de leur niveau de vie annuel”. Pour les 15 % de mĂ©nages les plus aisĂ©s, “ces pertes dĂ©passeraient les 250 euros”.

Pour les plus fortunĂ©s, cette mesure pourrait Ă©galement ĂȘtre compensĂ©e par la non-application de l’imposition exceptionnelle sur les hauts revenus, l’une des mesures phares du projet de loi de finances. 

Retraites :

Les retraitĂ©s bĂ©nĂ©ficieraient d’une indexation complĂšte de leurs pensions sur l’inflation, contrairement au projet initial du gouvernement qui prĂ©voyait une revalorisation partielle (+0,8 % au 1er janvier et +1,6 % pour les petites retraites en juillet). ConsĂ©quence de la censure du gouvernement et du rejet du budget de la SĂ©cu, c’est bien une augmentation de 2,2% qui va s’appliquer au 1er janvier prochain. Les pensions vont donc ĂȘtre relevĂ©es plus fortement que prĂ©vues l’an prochain. Par exemple, un ex-salariĂ© dont la retraite totale atteint 1 400 euros net par mois - dont 980 euros de retraite de base - touchera 1 001,56 euros le 7 fĂ©vrier prochain, date de versement de sa pension de base. Soit 21,6 euros de plus qu’actuellement. Pour un ex-fonctionnaire percevant la mĂȘme pension totale de 1 400 euros - constituĂ©e de 1 372 euros de retraite de base-, la hausse grimpera Ă  30 euros, avec une pension de 1 402 euros. Cette mesure coĂ»terait 3 milliards d’euros supplĂ©mentaires Ă  l’État.

AccĂšs au logement :

La mesure phare, sur laquelle comptait les professionnels de l’immobilier, notamment les promoteurs et les artisans, c’était l’extension du prĂȘt Ă  taux zĂ©ro Ă  tout le territoire et Ă  tous les types d'habitat. Aujourd’hui, le PTZ ne peut ĂȘtre sollicitĂ© que dans les zones tendues et pour l’achat d’un logement collectif. LĂ , il Ă©tait Ă  nouveau possible de faire une construire une maison.

Le gouvernement prĂ©voyait de l'appliquer en fĂ©vrier, avec Ă  la clĂ© 20.000 Ă  25.000 logements neufs supplĂ©mentaires rĂ©alisĂ©s dans l’annĂ©e, dont 15.000 maisons. Et il y a urgence. AprĂšs avoir perdu 40.000 emplois en 2024, la FĂ©dĂ©ration française du bĂątiment (FFB) estime qu'en 2025, ce serait plus du triple, 150.000, voire mĂȘme 300.000 si on Ă©tend au secteur des matĂ©riaux de construction. Un logement en chantier, c’est deux emplois.

Et il n’y a pas que l’extension du prĂȘt Ă  taux zĂ©ro qui est en danger. Deux autres mesures sont menacĂ©es. D’abord, l'exonĂ©ration des donations pour l'achat d'un logement neuf. L’idĂ©e Ă©tait de permettre aux parents, mais aussi aux grands-parents, de donner davantage d’argent Ă  leurs petits-enfants sans payer d’impĂŽts pour constituer un apport, jusqu’à 100.000 euros.

Ensuite, la baisse du loyer de solidaritĂ© l'an prochain. L’Etat prĂ©lĂšve chaque annĂ©e ce loyer sur les recettes des bailleurs sociaux. Il Ă©tait prĂ©vu de baisser ce loyer de solidaritĂ© de 200 millions d'euros, pour donner de l’oxygĂšne au logement bon marchĂ©. C’est un mauvais coup au logement pour tous. Mais ces mesures de relance de l’immobilier, qui Ă©taient dans le budget Barnier, ne sont peut-ĂȘtre dĂ©finitivement enterrĂ©es. Comme elles faisaient l'objet d'un consensus chez les parlementaires, de l’extrĂȘme droite Ă  l’extrĂȘme gauche, il est donc probable que ces mesures seront reprises dans un prochain projet de budget, quelle que soit la couleur du gouvernement.

Agriculture :

Le secteur agricole, dĂ©jĂ  fragilisĂ©, pourrait payer un lourd tribut en cas de motion de censure. Les baisses d’impĂŽts prĂ©vues, reprĂ©sentant prĂšs de 400 millions d’euros, ainsi que les allĂšgements de charges pour les travailleurs saisonniers, risquent d’ĂȘtre abandonnĂ©s, augmentant les coĂ»ts de production des exploitants. La revalorisation des petites retraites agricoles, Ă©galement suspendue, laisse les retraitĂ©s dans une situation prĂ©caire. En parallĂšle, des projets structurants, comme le projet de loi d’orientation agricole, pourraient ĂȘtre retardĂ©s, compliquant les dĂ©marches pour moderniser et adapter les exploitations. L’instabilitĂ© politique affecte aussi la compĂ©titivitĂ© du secteur face aux importations, notamment dans le cadre des discussions sur l’accord UE-Mercosur. Les agriculteurs s'inquiĂštent de l’absence de mesures pour renforcer la rĂ©ciprocitĂ© commerciale, rendant difficile la concurrence avec des produits Ă©trangers soumis Ă  des normes moins strictes.

Industrie et emploi :

Le secteur industriel pourrait ĂȘtre lourdement impactĂ© par le blocage du budget, freinant des projets essentiels pour la compĂ©titivitĂ© et l’emploi. Le plan de dĂ©carbonation industrielle, dotĂ© de 1,55 milliard d’euros, risque d’ĂȘtre reportĂ©, retardant la transition Ă©cologique des usines françaises. Cette incertitude pĂšse Ă©galement sur le plan "Ambition pour l'industrie", qui devait lever des obstacles normatifs pour les projets industriels et renforcer les investissements dans les zones prioritaires. Le rejet du budget prĂ©serve toutefois les allĂšgements de charges patronales, reprĂ©sentant 1,6 milliard d’euros, au bĂ©nĂ©fice des entreprises, mais au dĂ©triment des finances publiques.

Transport et infrastructures :

Le report du plan "Cars express", visant Ă  dĂ©velopper des lignes de bus rapides entre les zones pĂ©riurbaines et les centres urbains, risque de pĂ©naliser la mobilitĂ© quotidienne de milliers de Français. Ce projet, estimĂ© Ă  plusieurs centaines de millions d'euros, devait amĂ©liorer l’accĂšs au transport public dans des zones mal desservies, notamment pour les travailleurs en pĂ©riphĂ©rie. L’abandon temporaire de cette initiative pourrait freiner la transition Ă©cologique en incitant davantage Ă  l’usage de la voiture individuelle. Par ailleurs, la suppression de la hausse prĂ©vue de la taxe de solidaritĂ© sur les billets d’avion, qui devait gĂ©nĂ©rer jusqu’à 1 milliard d’euros de recettes, soulage les compagnies aĂ©riennes Ă  court terme, mais ralentit les investissements dans des infrastructures durables et la dĂ©carbonation du secteur aĂ©rien.

Énergie :

La motion de censure pourrait bouleverser plusieurs mesures clĂ©s dans le secteur de l’énergie, impactant directement les mĂ©nages et entreprises. L’augmentation prĂ©vue de la taxe sur la consommation d’électricitĂ©, initialement fixĂ©e Ă  32 euros par mĂ©gawattheure en 2025, est dĂ©sormais incertaine. Cette taxe aurait gĂ©nĂ©rĂ© 3 milliards d’euros supplĂ©mentaires, mais son absence risque de creuser le dĂ©ficit Ă©nergĂ©tique tout en maintenant la pression sur les factures des mĂ©nages. De mĂȘme, la rĂ©forme de l’encadrement des tarifs EDF, cruciale pour protĂ©ger les consommateurs de la volatilitĂ© des prix de l’électricitĂ© aprĂšs la fin du dispositif ARENH en 2025, reste en suspens. Sur le plan environnemental, des dispositifs comme MaPrimeRĂ©nov ou les aides Ă  l’achat de vĂ©hicules Ă©lectriques pourraient ĂȘtre rĂ©duits ou reportĂ©s, freinant la transition Ă©nergĂ©tique. Enfin, la fiscalitĂ© sur les chaudiĂšres Ă  gaz, avec une TVA prĂ©vue Ă  20%, est Ă©galement bloquĂ©e, avantageant temporairement les mĂ©nages.

Santé :

La censure du gouvernement entraĂźne un gel des avancĂ©es prĂ©vues dans le domaine de la santĂ©, impactant Ă  la fois les hĂŽpitaux et les mĂ©nages. L’absence de vote sur le PLFSS 2025 empĂȘcherait l’allocation des 3 milliards d’euros supplĂ©mentaires destinĂ©s aux hĂŽpitaux, exacerbant un dĂ©ficit dĂ©jĂ  estimĂ© Ă  2 milliards d’euros en 2024. La suppression du renforcement de la taxe soda profiterait aux entreprises de boissons sucrĂ©es, au dĂ©triment des mesures de santĂ© publique. Enfin, l’Assurance maladie, qui devait obtenir une autorisation d’emprunt pour financer les hĂŽpitaux, pourrait se retrouver dans l’incapacitĂ© de dĂ©bloquer les fonds nĂ©cessaires. Ces retards et incertitudes mettent en pĂ©ril la qualitĂ© des soins et la viabilitĂ© du systĂšme de santĂ© français.

La dette :

L’agence de notation internationale Moody’s estime que la chute du gouvernement de Michel Barnier, balayĂ© mercredi soir par une motion de censure, “rĂ©duit la probabilitĂ© d’une consolidation des finances publiques” de la France et “aggrave l’impasse politique du pays”. “Cet Ă©vĂ©nement est nĂ©gatif pour le crĂ©dit”, soit la note de la dette du pays, indique l’agence mondiale dans un communiquĂ© publiĂ© dans la nuit de mercredi Ă  jeudi, quelques heures aprĂšs le vote par les dĂ©putĂ©s de la censure du gouvernement, et alors que la deuxiĂšme Ă©conomie de la zone euro est Ă©pinglĂ©e par Bruxelles pour son dĂ©ficit excessif.

L’objectif du gouvernement Ă©tait de rĂ©duire son dĂ©ficit public Ă  5% du PIB l’an prochain, alors que la deuxiĂšme Ă©conomie de la zone euro est Ă©pinglĂ©e par Bruxelles pour son dĂ©ficit excessif. Pour 2024, le dĂ©ficit public, initialement prĂ©vu Ă  4,4% du PIB, devrait finalement atteindre 6,1% en 2024, du fait notamment de recettes bien moindres qu’anticipĂ©. “Actuellement, nous nous attendons Ă  ce que le dĂ©ficit annuel du pays atteingne 6,3% du PIB en 2024, 5,3% en 2025 et 4,7% en 2026, bien au-dessus des plafonds de l’Union europĂ©enne”, Ă©crit pour sa part Moody’s. Moody’s, tout comme l’agence Fitch, avaient lancĂ© en octobre un avertissement Ă  la France en abaissant la perspective Ă  nĂ©gative.


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Laurent - Cosmos Finance

Économix

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Par Laurent Cosmos Finance

L’économie pour tous. Vraiment pour tous.

Je m’appelle Laurent, fondateur de Cosmos Finance, et depuis 2022, je me suis donnĂ© une mission : rendre l’économie intelligible, utile et accessible Ă  chacun.

Sur TikTok et Instagram, mais aussi dans ma newsletter, je vulgarise l’actualitĂ© Ă©conomique, les grands concepts financiers et les stratĂ©gies concrĂštes qui permettent de mieux comprendre le monde qui nous entoure. Parce que l’économie n’est pas qu’une affaire d’experts : c’est ce qui dĂ©termine le prix de ton logement, ton pouvoir d’achat, la stabilitĂ© de ton job ou la rentabilitĂ© de ton Ă©pargne.

Une conviction : la connaissance Ă©conomique, c’est un droit

Je crois profondĂ©ment qu’un citoyen bien informĂ© est un citoyen plus libre. Aujourd’hui encore, le manque de culture Ă©conomique est un vrai facteur d’inĂ©galitĂ© — il freine la mobilitĂ© sociale, la comprĂ©hension des enjeux publics, et l’autonomie financiĂšre. Ce n’est pas une fatalitĂ©.

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