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Par Laurent Cosmos Finance
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🇫🇷​​ Comment le gouvernement compte économiser 60 milliards d'euros

On parle de la potentielle suppression de l'AME, du lancement de Wero en Europe, du Kirghizstan en tant que plaque tournante vers la Russie, de la grève des dockers aux États-Unis et de la hausse d'impôt pour les riches en France. Pour le décryptage, on parle des pistes du gouvernement pour réaliser 60 milliards d'euros d'économies.

Voici ce que j’ai pour vous cette semaine :

LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR, BRUNO RETAILLEAU, VEUT SUPPRIMER L’AIDE MÉDICALE D’ÉTAT (AME) POUR LES ÉTRANGERS

L’aide médicale d’État permet aux étrangers qui se trouvent en situation irrégulière de bénéficier de soins. Elle assure notamment une prise en charge à 100 % des soins médicaux et hospitaliers comme les maladies, les maternités, mais aussi les prothèses et soins dentaires ou encore les équipements d’optique dans la limite des tarifs de la sécurité sociale. Pour rappel, l’AME n’est pas automatique mais attribuée sous conditions de résidence (résider trois mois en France sans interruption) mais aussi sous conditions de ressources, et les demandeurs d’asile n’y ont pas le droit. Dans les chiffres, 466 000 étrangers seraient bénéficiaires de l’AME en 2023 selon les données de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) et cela représente environ 1,2 milliard d’euros de dépenses pour 2023, selon la Direction de la Sécurité sociale. Pour mettre ça en perspective, l’AME représentait en 2023 moins de 0,5 % des dépenses de santé en France. Au-delà de l’aspect économique, cette réforme est aussi très politisée. L’AME est considérée depuis longtemps par la droite et l’extrême droite comme un dispositif attirant les étrangers vers la France. Pour eux, l'existence même de l'AME alourdit le coût des services publics et pèse sur les finances de l'État, tout en exerçant une pression supplémentaire sur le système de santé déjà sous tension. De l’autre côté, la majorité présidentielle et la gauche s’offusque d’une telle réforme en pointant du doigt que l’AME n’est pas un facteur d’immigration en s’appuyant sur un rapport du CNRS qui indique que les motifs de santé ne sont en effet évoqués que par 9,5% des sans-papiers lorsqu’ils viennent en France. En d'autres termes, pour eux, la majorité des sans-papiers ne choisit pas la France spécifiquement pour bénéficier de l'accès aux soins, mais pour des raisons bien plus larges comme les opportunités économiques, et pour fuir les conflits, la pauvreté ou les persécutions. Plus globalement, ils estiment que ce dispositif AME incarne la tradition humanitaire de la France, garante du droit à la santé pour tous, quelle que soit la situation administrative des individus.

TOUTES LES BANQUES EUROPÉENNES VONT LANCER “WERO”

Au-delà de la France, ce sont 14 banques européennes, dont toutes les françaises, qui comptent concurrencer les géants des paiements comme PayPal, Visa ou encore Apple Pay. L’objectif est clair : permettre aux particuliers de réaliser des virements bancaires instantanés de compte à compte, donc entre banques différentes, directement à partir de son smartphone. Ce service, appelé “Wero” devrait être disponible dans toutes les banques françaises d’ici janvier 2025, et le principe sera simple : pour envoyer de l’argent à un particulier, il suffira de connaître son numéro de téléphone mobile ou son adresse e-mail, chaque banque ayant relié le numéro d’un client ou son mail à son compte courant. Il sera également possible de générer des QR Codes individuels pour éviter d’avoir à communiquer son numéro de téléphone. L’idée est donc de directement concurrencer les services de ce type les plus utilisés en France à savoir PayPal et Lydia. Il sera aussi possible à terme d’envoyer de l’argent en quelques clics aux détenteurs d’un compte courant dans quatre autres pays partenaires : l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Le service sera en théorie gratuit mais certains imaginent que les banques pourraient se rémunérer en augmentant, par exemple, les frais de tenue de compte, il faudra donc être vigilant sur ce sujet. Wero remplacera en France Paylib, la solution de paiement entre particuliers créée à l’initiative des banques tricolores. Reste à savoir si Wero trouvera son public.

KIRGHIZSTAN : LA PLAQUE TOURNANTE ENTRE L’EUROPE ET LA RUSSIE

Ce petit pays enclavé d'Asie centrale a vu ses exportations grimper en flèche après les sanctions européennes contre la Russie en 2022. Les chiffres sont édifiants : Si les exportations du Kirghizstan vers la Russie s’élevaient à 393 millions de dollars en 2021, donc avant l’invasion russe, elles ont flambé à plus de 1 milliard de dollars après les sanctions européennes en 2022, soit une hausse de plus de 250% selon les données du Fonds monétaire international (FMI). De son côté, les exportations de la zone euro vers le Kyrgyzstan ont aussi flambé d’environ 1000%, avec des pays comme l’Allemagne, la Pologne, l’Espagne ou encore l’Italie qui ont décuplé leurs exportations vers ce petit pays. "Les échanges les plus importants concernent les machines, l’automobile, les produits de base, l'électronique et l'équipement électrique", selon Marius Dubnikovas, économiste et vice-président de la Confédération lituanienne des entreprises. Le Kirghizstan est l'un des partenaires les plus fidèles de la Russie dans la région. Il est membre de l'Union économique eurasienne (UEE) et de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), dirigées par la Russie. Comme l’explique Vuk Vuksanovic, du think tank dédié à la politique étrangère de la London School of Economics (LSE IDEAS), cela ne se produirait évidemment pas s'il n'y avait pas encore de nombreux pays occidentaux, en particulier en Europe, toujours prêts à commercer avec la Russie et à utiliser des failles juridiques et logistiques pour le faire. Au-delà du Kirghizstan, le Kazakhstan, l'Arménie et la Georgie ont aussi vu leurs exportations en provenance d’Europe bondir, notamment d’Allemagne après le paquet de sanctions imposé à la Russie. Il est donc compliqué pour l’Europe d’imposer des sanctions à tous ces pays pour étouffer la Russie, étant donné qu’il est aussi question de compétitivité économique mondiale puisque si l’Europe interdisait radicalement l’exportation vers tous ces pays, elle se tirerait finalement une balle dans le pied en cédant dans ce cas une partie du marché mondial à la concurrence d'autres pays, en particulier à la Chine.

LES ÉTATS-UNIS FONT FACE À LA PLUS GRANDE GRÈVE DES DOCKERS DEPUIS 1997

36 ports américains sont paralysés par 45 000 dockers en grève, ce qui pourrait perturber le transport maritime mondial et aussi avoir des répercussions sur l’inflation. Pour faire simple, l’International Longshoremen's Association (ILA), qui est le principal syndicat du secteur maritime américain en réunissant 85 000 adhérents, appelle à cesser le travail dans les ports américains. Les grévistes accusent les grands transporteurs d'avoir engrangé des profits records estimés à 180 milliards de dollars à l'époque du Covid, sans en faire bénéficier les salariés. Ils réclament une augmentation de leur salaire de 77% sur six ans et dénoncent également l'automatisation progressive de leurs activités qui menacent le maintien des emplois. Désormais, presque toute la côte Est est paralysée et ça pose problème puisque cette zone représente 57 % des importations américaines, et représente la liaison maritime principale entre les États-Unis et l’Europe. D’un point de vue logistique, la l'US Maritime Alliance (USMX), qui représente les employeurs des ports de l'Est et du Golfe des États-Unis, ont expliqué que près de 150 porte-conteneurs sont en route vers les ports, et près de 100 000 conteneurs attendent d’être déchargés rien qu'à New York. Des géants comme Walmart, qui dépend de ces ports américains pour environ 86 % de ses importations totales aux États-Unis, et Costco ont déjà prévenu que cette grève aura des impacts dans leurs magasins. Selon les analystes de JP Morgan, les estimations de l'impact économique de la grève atteignent jusqu’à 5 milliards de dollars par jour. Les dirigeants de l’industrie affirment qu’une grève qui se prolongerait au-delà de dix jours aurait un impact sérieux sur l’économie. Le syndicat des employeurs et celui des salariés n’arrivent pour l’instant pas à se mettre d’accord sur les conditions du nouveau contrat-cadre d’une durée de 6 ans. Le gouvernement pourrait activer la loi Taft-Hartley qui donne le pouvoir au président  d'imposer une période de « cooling-off », c’est-à-dire un moratoire de 80 jours, durant laquelle les travailleurs sont obligés de reprendre le travail ou de suspendre la grève pour donner du temps aux négociations sans interruption des activités. Mais le gouvernement à d’ores et déjà expliqué qu’il n’interviendrait pas dans cette grève en préférant un accord à l’amiable. Harold Daggett, président du syndicat des dockers a expliqué je cite : "La grève durera aussi longtemps qu’il le faudra." 

FRANCE : VERS UNE HAUSSE D’IMPÔT POUR LES PLUS RICHES

Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a indiqué ce jeudi que la hausse d’impôt concernera uniquement les plus aisés. Il a expliqué sur le plateau de France 2 : “on parle de 0,3 %, un ménage sans enfant qui touche des revenus d’à peu près 500 000 euros par an, (…) nous pouvons demander légitimement aux contribuables de participer”. Son ministère a précisé que la mesure concernerait environ 75 000 ménages les plus riches sur plus de 30 millions que compte la France. Par ailleurs, les grosses entreprises seraient aussi dans le collimateur du gouvernement. Barnier envisagerait notamment d’augmenter de 8,5 points le taux de l’impôt sur les sociétés, qui est aujourd’hui à 25%, pour les entreprises réalisant au moins 1 milliard d’euros de chiffre d'affaires. Alors qu’est-ce que cela implique ? Évidemment ces mesures sont motivées par la volonté de réduire le déficit public hors de contrôle qui devrait dépasser les 6% cette année, et Barnier doit trouver 60 milliards d’euros pour le ramener à 5%, et cela passe par une réduction des dépenses publiques et une augmentation des impôts. Maintenant, augmenter l’impôt sur les plus fortunés est à double tranchant. D’un côté, les riches ont une plus grande capacité contributive pour aider au redressement des finances publiques. Mais de l’autre, le risque étant de faire fuir les ménages les plus riches dans d’autres pays où la fiscalité est plus avantageuse, ce qui est relativement facile au sein de l’Union Européenne. Si cela se produit en masse, le pays perd non seulement des contribuables fortunés, mais aussi potentiellement des entrepreneurs, investisseurs, et des capitaux qui pourraient être réinvestis dans l'économie locale. Pour éviter ça, il est important que cette hausse dite “exceptionnelle” respecte son aspect temporaire pour une durée limitée, ce qui n’a quasiment jamais été le cas sous la Vème République, car ils se sont finalement transformés en impôt définitif. Lors de son discours devant l’Assemblée nationale ce mardi, Michel Barnier a évoqué d’autres mesures économiques : La revalorisation du SMIC de 2% dès le 1er novembre prochain, mais aussi la création d’un nouveau livret d’épargne qui aura pour vocation de soutenir l’activité industrielle du pays. Face à la crise du logement, Barnier se dit “favorable à l'extension du prêt à taux zéro” (PTZ), et ce “sur tout le territoire”. Le Premier ministre indique aussi vouloir “simplifier au maximum les normes qui pèsent sur la construction des logements neufs ou à la réhabilitation des anciens”.


L’exploration Éco de la semaine

Un effort de 60 milliards d’euros

Le gouvernement français est sur le point de dévoiler son projet de loi de finances pour 2025, avec un objectif clair : réduire drastiquement le déficit public et retrouver une certaine stabilité budgétaire. Ce plan repose sur deux piliers majeurs : 40 milliards d’euros de coupes dans les dépenses publiques et 20 milliards d’euros de hausses d’impôts. Cette approche est destinée à atteindre un déficit de 5 % du PIB d’ici 2025, alors que la France fait face à un déficit estimé à 6,1 % pour l’année 2024 - bien éloigné de la règle européenne des 3 %.

Le contexte d’une dette en hausse

L'année 2024 a vu la dette publique grimper à 113 % du PIB, et cette tendance devrait se poursuivre avec une prévision de 115 % en 2025. Cette situation fait suite à des prévisions budgétaires initiales du précédent gouvernement, qui avaient fixé un objectif de déficit de 4,1 % pour 2024. Mais avec la hausse des dépenses publiques et une croissance économique modérée, la trajectoire s’est dégradée. Au total, Bercy vise des dépenses publiques de 1 700 milliards d'euros l'an prochain, ce qui correspondrait à un léger recul du ratio des dépenses par rapport au PIB (de 56,8 % à 56,3 % en 2025). Le gouvernement Barnier a désormais ajusté cette ambition, visant un retour à un déficit de 3 % d’ici 2029, deux ans plus tard que prévu initialement.

40 milliards d’économies dans les dépenses

Les 40 milliards d’euros d’économies se répartiront dans plusieurs secteurs, bien que de nombreuses mesures restent encore floues. Parmi les pistes envisagées, l’État prévoit d’ajouter 5 milliards d’euros aux économies déjà programmées par Gabriel Attal, ce qui porterait à 15 milliards les économies réalisées au niveau de l’État. La Sécurité sociale sera également mise à contribution, à hauteur de 13 milliards d’euros, et les collectivités locales devront trouver 7 milliards d’économies.

Des taxes “écologiques” et des hausses d’impôts

Du côté des recettes, le gouvernement prévoit d’augmenter temporairement les impôts pour les grandes entreprises et les ménages les plus aisés, contribuant à hauteur de 20 milliards d’euros. Une partie de ces augmentations, à savoir 1,5 milliard d’euros, sera collectée via des “taxes écologiques” ciblant notamment les véhicules thermiques et les voitures polluantes. Ces mesures visent à renforcer l’impact écologique de la fiscalité, tout en répondant aux besoins budgétaires.

Prévisions de croissance prudentes

Contrairement aux prévisions plus ambitieuses du précédent gouvernement, l’équipe de Barnier se montre prudente. Le projet de budget table sur une croissance de 1,1 % en 2024, en ligne avec les prévisions de l’Insee, et une inflation maîtrisée à 1,8 % pour 2025. Cette modération permet de justifier les coupes dans les dépenses publiques tout en évitant de compromettre la relance économique à moyen terme.

Un effort budgétaire d’une ampleur inédite

Au total, avec un besoin de financement d’environ 150 milliards d’euros pour 2025, ce plan budgétaire est crucial pour rétablir les finances publiques. Cependant, les défis restent nombreux, notamment en matière de croissance économique et de gestion de la dette. Le gouvernement espère que cet effort collectif permettra de stabiliser les finances publiques à long terme, tout en respectant, à terme, les règles budgétaires européennes.

Ce projet de loi de finances, qui sera présenté officiellement le 10 octobre 2024, marque donc un tournant dans la politique budgétaire française, avec des mesures d’austérité importantes destinées à remettre le pays sur une trajectoire budgétaire plus soutenable.


Le Graph’ de la semaine

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Merci d'avoir pris le temps de lire cet article. À la semaine prochaine !

Laurent - Cosmos Finance