Au menu : le âmiracleâ budgĂ©taire portugais, le parcours de Roland Lescure, l'emprunt record de la France, le coĂ»t du gel des retraites et lâenvolĂ©e historique de lâor. En dĂ©cryptage : mon interview exclusive avec Anthony Bourbon sur la taxe Zucman, la flat tax et lâimposition des holdings.
Autrefois considĂ©rĂ© comme lâun des « mauvais Ă©lĂšves » de lâUnion europĂ©enne, le Portugal affiche aujourdâhui une santĂ© Ă©conomique exemplaire. En 2025, le pays sâapprĂȘte Ă boucler sa deuxiĂšme annĂ©e consĂ©cutive avec un excĂ©dent budgĂ©taire, un fait inĂ©dit depuis la RĂ©volution des Ćillets de 1974. Lisbonne prĂ©voit un excĂ©dent public de 0,3 % du PIB en 2025, aprĂšs +1,2 % en 2024 â un chiffre dĂ©jĂ supĂ©rieur aux attentes. Et la tendance devrait se poursuivre : lâexcĂ©dent atteindrait encore 0,1 % en 2026, confirmant une trajectoire de stabilitĂ© financiĂšre rare en Europe. Cette rigueur a permis une rĂ©duction continue de la dette publique, passĂ©e de 93,6 % du PIB en 2024 Ă 90,2 % attendus en 2025, puis 87,8 % en 2026. Une baisse historique, alors mĂȘme que la plupart des grandes Ă©conomies europĂ©ennes â la France en tĂȘte â voient leurs ratios dâendettement sâalourdir. Fort de cette soliditĂ© budgĂ©taire, le gouvernement du social-dĂ©mocrate LuĂs Montenegro dispose dĂ©sormais de marges pour relancer le pouvoir dâachat et soutenir les mĂ©nages. Les retraites les plus modestes seront significativement revalorisĂ©es, tandis que lâimpĂŽt sur le revenu sera allĂ©gĂ© pour les classes moyennes, aprĂšs des annĂ©es dâaustĂ©ritĂ© budgĂ©taire. Le redressement portugais sâexplique par une combinaison de rigueur budgĂ©taire, de croissance solide et de recettes fiscales soutenues par un tourisme en plein essor. Lisbonne, Porto et lâAlgarve continuent dâattirer des millions de visiteurs, gĂ©nĂ©rant des revenus records et stimulant lâemploi. Cette âlocomotive du tourismeâ agit dĂ©sormais comme un amortisseur macroĂ©conomique face aux turbulences europĂ©ennes. En conjuguant discipline budgĂ©taire, relance sociale et attractivitĂ© Ă©conomique, le Portugal sâimpose comme le contre-exemple parfait de la spirale dĂ©ficitaire française. Une leçon de rigueur et de stratĂ©gie dont Bruxelles prend soigneusement note.
Proche dâEmmanuel Macron, Roland Lescure a fait son retour Ă Bercy dans le premier gouvernement Lecornu, avant dâĂȘtre reconduit dans le second. ĂgĂ© de 58 ans et nĂ© Ă Paris, Roland Lescure est issu dâun milieu engagĂ© : son pĂšre Ă©tait journaliste Ă LâHumanitĂ© et sa mĂšre membre de la CGT Ă la RATP. Son demi-frĂšre nâest autre que Pierre Lescure, ancien PDG de Canal+. DiplĂŽmĂ© de lâĂcole polytechnique, de lâENSAE et de la London School of Economics, il dĂ©bute sa carriĂšre dans la finance. En 2005, il devient directeur gĂ©nĂ©ral de Natixis Asset Management, puis directeur gĂ©nĂ©ral adjoint et responsable des gestions de Groupama. Se rĂ©clamant dâun centre gauche « pragmatique », il rejoint le Parti socialiste en 2006, Ă lâĂ©poque de la candidature de Dominique Strauss-Kahn Ă la primaire prĂ©sidentielle. En 2009, il sâexpatrie au Canada pour devenir numĂ©ro deux de la Caisse de dĂ©pĂŽt et placement du QuĂ©bec, oĂč il acquiert la nationalitĂ© canadienne et perçoit un salaire dâenviron un million dâeuros. Son entrĂ©e dans la sphĂšre macroniste date de 2017, lorsquâil est Ă©lu dĂ©putĂ© des Français dâAmĂ©rique du Nord et prend la prĂ©sidence de la commission des Affaires Ă©conomiques. En juillet 2022, il intĂšgre le gouvernement dâĂlisabeth Borne comme ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© de lâIndustrie, avant de voir son portefeuille Ă©largi Ă lâĂnergie sous Gabriel Attal. En 2024, il devient vice-prĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale, puis, le 12 octobre 2025, ministre de lâĂconomie, des Finances et de la SouverainetĂ© industrielle, Ă©nergĂ©tique et numĂ©rique. Sur le plan des idĂ©es, Roland Lescure sâest illustrĂ© par plusieurs positions fortes : il a qualifiĂ© lâaccord commercial UEâĂtats-Unis sur les tarifs douaniers « dâaveu de faiblesse historique », sâest opposĂ© Ă la taxe Zucman sur le capital, et sâest dĂ©clarĂ© favorable Ă la lĂ©galisation du cannabis. Financier aguerri et homme politique expĂ©rimentĂ©, il incarne aujourdâhui la continuitĂ© Ă©conomique du macronisme, entre rigueur budgĂ©taire, attractivitĂ© industrielle et diplomatie Ă©conomique.
LâAgence France TrĂ©sor (AFT) a confirmĂ© que la France lĂšvera 310 milliards dâeuros sur les marchĂ©s en 2026, un montant jamais atteint. AprĂšs un record dĂ©jĂ Ă©tabli Ă 300 milliards en 2025, lâĂtat augmente encore son recours Ă la dette de 10 milliards, dans un contexte politique et budgĂ©taire toujours incertain. Ces 310 milliards serviront Ă la fois Ă financer le dĂ©ficit public et Ă rembourser les emprunts arrivant Ă Ă©chĂ©ance. Sur ce total, 175,8 milliards dâeuros seront consacrĂ©s au remboursement de la dette Ă moyen et long terme, contre 168 milliards lâan dernier. Le besoin global de financement atteindra ainsi 305,7 milliards, soit 8 milliards de plus que lâan passĂ©. En proportion du PIB, cette dette reprĂ©sente 10,1 %, un ratio stable mais toujours trĂšs Ă©levĂ©. La dette publique française frĂŽle dĂ©sormais les 3 400 milliards dâeuros, soit 115,6 % du PIB â un âHimalayaâ, pour reprendre les mots de lâancien Premier ministre François Bayrou. Le projet de loi de finances pour 2026 fixe un objectif de dĂ©ficit public Ă 4,7 % du PIB, mais SĂ©bastien Lecornu a reconnu quâil pourrait grimper jusquâĂ 5 %, en raison des difficultĂ©s Ă faire adopter un budget dâaustĂ©ritĂ© sans majoritĂ© solide. La charge des intĂ©rĂȘts de la dette explose : elle atteindra 59,3 milliards dâeuros en 2026, contre 52 milliards en 2025, selon lâAFT. Ce chiffre ne prend mĂȘme pas en compte les dettes des collectivitĂ©s locales ni celles de la SĂ©curitĂ© sociale. Les marchĂ©s et les agences de notation surveillent la situation de prĂšs. AprĂšs la dĂ©gradation opĂ©rĂ©e par Fitch, câest au tour de Moodyâs de se prononcer le 24 octobre. Une nouvelle baisse de la note française alourdirait encore le coĂ»t de lâemprunt, risquant dâalimenter une spirale de dette difficile Ă maĂźtriser.
Le Premier ministre SĂ©bastien Lecornu a confirmĂ© la suspension de la rĂ©forme des retraites de 2023 jusquâĂ la prĂ©sidentielle. LâĂąge de dĂ©part reste donc fixĂ© Ă 62 ans et 9 mois, pour une durĂ©e de cotisation de 170 trimestres. Mais cette pause politique a un coĂ»t considĂ©rable : selon le Conseil dâorientation des retraites (COR), mĂȘme avec la rĂ©forme, le systĂšme resterait dĂ©ficitaire Ă hauteur de 15 milliards dâeuros en 2035 et 30 milliards en 2045, soit prĂšs de 75 milliards de dĂ©ficit cumulĂ© dâici 2030. Sans la rĂ©forme, la facture pourrait grimper dâenviron 25 milliards supplĂ©mentaires. Un choix politiquement payant, mais budgĂ©tairement risquĂ©. Roland Lescure a averti que suspendre la rĂ©forme coĂ»terait âdes centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027â. Le COR estime que le blocage simultanĂ© de lâĂąge de dĂ©part et de la durĂ©e de cotisation priverait le systĂšme de prĂšs de 6 milliards dâeuros et les finances publiques de 16,5 milliards dâici 2035. En euros courants, la facture rĂ©elle pourrait ĂȘtre bien plus lourde. Pour compenser ce renoncement, une hausse des cotisations vieillesse serait inĂ©vitable. Chaque point supplĂ©mentaire rapporte environ 7 milliards dâeuros, selon la Commission des comptes de la SĂ©curitĂ© sociale â soit 400 euros de prĂ©lĂšvements additionnels par salariĂ© et par an. Une mesure qui pĂšserait lourdement sur le pouvoir dâachat et la compĂ©titivitĂ© des entreprises, en pleine pĂ©riode de rĂ©industrialisation. Autre option Ă©voquĂ©e : un gel partiel ou prolongĂ© des pensions jusquâen 2029, Ă©quivalant Ă quatre annĂ©es de dĂ©sindexation pour compenser le manque Ă gagner. Une solution jugĂ©e âtechniquement viableâ par certains Ă©conomistes, mais politiquement explosive, tant elle rognerait le pouvoir dâachat des retraitĂ©s. En somme, la suspension de la rĂ©forme apaise les tensions sociales Ă court terme, mais creuse encore davantage le dĂ©sĂ©quilibre structurel du systĂšme de retraites et fragilise un peu plus les finances publiques françaises.
Lâor poursuit une ascension spectaculaire. Mercredi, le mĂ©tal jaune a franchi pour la premiĂšre fois la barre symbolique des 4 200 dollars lâonce, atteignant un record historique Ă 4 217,95 dollars. En hausse de plus de 60 % depuis le dĂ©but de lâannĂ©e, il profite dâun environnement explosif mĂȘlant anticipation de baisses de taux, tensions gĂ©opolitiques et achats massifs des banques centrales. « Le mĂ©tal est lancĂ© et ne semble pas vouloir sâarrĂȘter. Les tensions commerciales entre les Ătats-Unis et la Chine, rallumĂ©es ces derniers jours, renforcent encore la demande de couverture », observe Fawad Razaqzada, analyste chez City Index. Selon lui, les investisseurs diversifient leurs portefeuilles en se tournant vers lâor, considĂ©rĂ© comme la meilleure couverture face Ă la volatilitĂ© boursiĂšre. Il estime mĂȘme que le seuil des 5 000 dollars lâonce, dĂ©sormais Ă portĂ©e de main, nâest plus une hypothĂšse irrĂ©aliste. Une Ă©ventuelle correction Ă court terme, prĂ©vient-il, « ne ferait que purger le marchĂ© et crĂ©er de nouveaux points dâentrĂ©e pour les acheteurs ». La RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine a, de son cĂŽtĂ©, renforcĂ© ce mouvement. Mardi, Jerome Powell a adoptĂ© un ton plus accommodant, Ă©voquant un marchĂ© du travail « engluĂ© dans une phase de faible embauche et faible licenciement ». ConsĂ©quence immĂ©diate : le dollar recule et les marchĂ©s anticipent dĂ©sormais Ă 98 % une premiĂšre baisse de 25 points de base en octobre, suivie dâune seconde en dĂ©cembre, dĂ©jĂ pleinement intĂ©grĂ©e dans les prix. Sur le plan gĂ©opolitique, la montĂ©e des tensions entre Washington et PĂ©kin continue dâalimenter la demande dâactifs refuges. Donald Trump a Ă©voquĂ© une possible rĂ©duction des liens commerciaux aprĂšs une sĂ©rie de surtaxes rĂ©ciproques. Ă cela sâajoute le shutdown du gouvernement amĂ©ricain, qui paralyse la publication des statistiques Ă©conomiques et accentue lâincertitude des investisseurs. Dans ce contexte de taux attendus en baisse, de tensions persistantes et de visibilitĂ© Ă©conomique brouillĂ©e, lâor confirme plus que jamais son statut de valeur refuge universelle.
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Face Ă un dĂ©ficit public persistant et Ă une opinion publique sensible aux inĂ©galitĂ©s, plusieurs mesures fiscales ciblant les plus fortunĂ©s ont rĂ©cemment Ă©mergĂ© dans le dĂ©bat français. Parmi elles, la « taxe Zucman », un impĂŽt annuel de 2% sur les patrimoines dĂ©passant 100 millions dâeuros, a fait grand bruit. De mĂȘme, le gouvernement envisage de relever la flat tax (ou prĂ©lĂšvement forfaitaire unique) sur les revenus du capital, aujourdâhui fixĂ©e Ă 30%. Enfin, le rĂ©gime dâimposition des holdings â notamment le rĂ©gime « mĂšre-fille » qui permet aux grandes fortunes de limiter leur fiscalitĂ© en empilant des sociĂ©tĂ©s â se retrouve dans le collimateur de certains Ă©lus, notamment du gouvernement Lecornu II. Ces propositions se veulent des rĂ©ponses Ă un impĂ©ratif de justice fiscale et de redressement budgĂ©taire, mais elles suscitent de vives critiques du cĂŽtĂ© des entrepreneurs et investisseurs, qui y voient un risque pour lâĂ©conomie.
Anthony Bourbon, entrepreneur Ă succĂšs et fondateur du club dâinvestissement Blast, fait partie de ces voix critiques. Ancien enfant dĂ©favorisĂ© devenu chef dâentreprise, il porte un regard singulier sur ces mesures. Ă la fois pĂ©dagogique et tranchĂ©, il dĂ©nonce des taxes « injustes » ou « absurdes » et plaide pour une rĂ©forme de fond du systĂšme fiscal français, fondĂ©e sur la maĂźtrise des dĂ©penses publiques et le soutien Ă ceux qui crĂ©ent de la richesse. Quâimpliquent exactement la taxe Zucman, la flat tax ou la taxation des holdings ? Pourquoi divisent-elles autant ? Voici un tour dâhorizon clair de ces dispositifs, assorti des explications et critiques dâAnthony Bourbon pour Ă©clairer le dĂ©bat fiscal contemporain.
Origine et principe. La « taxe Zucman » tire son nom de lâĂ©conomiste français Gabriel Zucman, spĂ©cialiste des inĂ©galitĂ©s et de lâĂ©vasion fiscale. Soutenu par une partie de la gauche, il propose de mettre Ă contribution les ultra-riches via un impĂŽt annuel minimal de 2% sur les patrimoines nets supĂ©rieurs Ă 100 millions dâeuros. En pratique, cela concernerait environ 1 800 personnes en France â les plus grandes fortunes du pays. LâidĂ©e est dâinstaurer un plancher de taxation : tout mĂ©nage dont la fortune excĂšde 100 millions devrait acquitter au moins lâĂ©quivalent de 2% de cette fortune chaque annĂ©e (en additionnant tous ses impĂŽts existants, et en payant un complĂ©ment le cas Ă©chĂ©ant). Les promoteurs de la mesure y voient « une mesure de justice fiscale » pour corriger un systĂšme oĂč, selon Zucman, « les milliardaires paient proportionnellement deux fois moins dâimpĂŽts que le Français moyen ». En effet, la richesse totale des 500 Français les plus fortunĂ©s a explosĂ© ces derniĂšres dĂ©cennies (elle a crĂ» trois fois plus vite que le PIB selon le magazine Challenges), tandis que les plus riches optimisent leur fiscalitĂ© via des holdings et ne versent en moyenne quâenviron 0,3% de la valeur de leur patrimoine en impĂŽts chaque annĂ©e. Dans un contexte de dette publique record, la taxe Zucman promettrait ainsi de « faire payer les ultra-riches » pour renflouer les caisses de lâĂtat. Les estimations de rendement vont de 5 Ă 25 milliards dâeuros par an â un montant non nĂ©gligeable, bien que variable selon les hypothĂšses de comportements des contribuables visĂ©s.
Fonctionnement et Ă©cueils. Techniquement, cette taxe frapperait lâensemble du patrimoine dâun individu (biens immobiliers, financiers, parts dâentreprise, etc.), y compris son patrimoine professionnel. Câest lĂ que le bĂąt blesse selon ses dĂ©tracteurs, car une grande part de ces fortunes se compose dâactifs illiquides â par exemple des actions dâune entreprise familiale non cotĂ©e, dont la valeur « sur le papier » peut ĂȘtre Ă©levĂ©e sans que le propriĂ©taire ait des liquiditĂ©s correspondantes. Or, un impĂŽt de 2% annuel obligerait potentiellement ces personnes Ă vendre des parts de leurs entreprises chaque annĂ©e pour payer la taxe. Cela reviendrait Ă taxer des gains non rĂ©alisĂ©s, ce qui est inĂ©dit. « On va te taxer pour de lâargent que tu nâas pas encore touchĂ© » sâindigne Anthony Bourbon Ă propos de la taxe Zucman. Il illustre le problĂšme par son propre vĂ©cu dâentrepreneur : Ă une Ă©poque, sa start-up avait une valorisation estimĂ©e Ă prĂšs de 100 millions dâeuros sur le marchĂ©, ce qui lâaurait fait entrer dans le champ de la taxe. « Si la taxe Zucman avait existĂ©, jâaurais dĂ» payer 2 % de ces 100 millions, soit 2 millions dâeuros par an⊠sauf que je ne les avais pas en caisse » explique-t-il. Il aurait donc dĂ» sâendetter ou cĂ©der des actions simplement pour payer lâimpĂŽt. Pire, la valeur de sa sociĂ©tĂ© a depuis baissĂ© : il aurait versĂ© des millions « Ă fonds perdus » Ă lâĂtat pour une richesse virtuelle envolĂ©e. « Câest complĂštement absurde », tranche-t-il.
Critiques et risque dâexil fiscal. Outre son injustice perçue sur les actifs illiquides, la taxe Zucman fait craindre un exil des grandes fortunes. Ses dĂ©tracteurs rappellent que la France a supprimĂ© son ancien impĂŽt sur la fortune (ISF) en 2017 en partie pour enrayer les dĂ©parts de contribuables fortunĂ©s. Un retour dâune taxation patrimoniale aussi ambitieuse pourrait inciter les plus riches Ă dĂ©mĂ©nager sous des cieux fiscaux plus clĂ©ments. Anthony Bourbon fait partie de ceux qui brandissent cet avertissement. DerriĂšre lâhumour, le message est clair : au-delĂ dâun certain seuil de pression fiscale, les acteurs Ă©conomiques mobiles (grands entrepreneurs, investisseurs) finiront par quitter la France. « Les businessmen⊠ne vont pas [dĂ©penser leur argent] nâimporte comment, surtout quand il est mal utilisé⊠Ils vont se barrer », prĂ©vient Bourbon, qui souligne quâavec le numĂ©rique « aujourdâhui, la richesse est digitale⊠tu pars du jour au lendemain, tout le monde travaille en visio⊠Que je choisisse Paris ou DubaĂŻ, ça ne me change rien ». Il rĂ©fute ainsi lâargument historique selon lequel « les riches ne partent pas vraiment » : si autrefois les grandes fortunes Ă©taient surtout investies en usines ou immeubles difficilement dĂ©localisables, dĂ©sormais elles peuvent sâen aller avec leurs start-ups, leurs crypto-monnaies ou leur capital humain hautement qualifiĂ©.
« Opposer riches et pauvres, un faux dĂ©bat ». Pour Anthony Bourbon, focaliser le dĂ©bat politique sur cette « taxe super-riches » relĂšve enfin de la fausse solution. Il dĂ©plore une tendance à « opposer les riches et les pauvres, la droite et la gauche, pour que tout le monde sâĂ©charpe et [quâ]on oublie le vrai problĂšme ». Et ce vrai problĂšme, selon lui, câest avant tout la mauvaise gestion de lâargent public. « Le problĂšme, câest pas de taxer plus ou de trouver de lâargent neuf, câest dâĂ©conomiser celui quâon a dĂ©jà » martĂšle-t-il. Le jeune chef dâentreprise sâĂ©tonne que lâon cherche de nouvelles recettes fiscales alors que « la France dĂ©pense 600 milliards par an et nâen gagne que 500⊠La premiĂšre chose Ă faire, câest dâĂ©quilibrer et donc de dĂ©penser moins ». Il cite pĂȘle-mĂȘle les gabegies quâil observe : budgets plĂ©thoriques de certaines administrations et institutions, train de vie des responsables politiques, inefficacitĂ©s diverses. Ă ses yeux, la prioritĂ© devrait ĂȘtre de tailler dans ces dĂ©penses avant de solliciter davantage les contribuables. « Ce qui manque Ă la politique aujourdâhui, câest pas de taxer plus, câest de faire des Ă©conomies », assĂšne Anthony Bourbon. En somme, la taxe Zucman serait Ă la fois injuste dans son principe et contre-productive dans ses effets, dĂ©tournant lâattention des rĂ©formes structurelles nĂ©cessaires.
DĂ©finition et fonctionnement. La flat tax â officiellement prĂ©lĂšvement forfaitaire unique (PFU) â est un impĂŽt proportionnel forfaitaire de 30% sur les revenus du capital (intĂ©rĂȘts, dividendes, plus-values mobiliĂšres, etc.), en vigueur en France depuis 2018. Mis en place au dĂ©but du quinquennat Macron, ce taux unique de 30% se dĂ©compose en 12,8% dâimpĂŽt sur le revenu et 17,2% de prĂ©lĂšvements sociaux. Lâobjectif affichĂ© Ă©tait double : simplifier la fiscalitĂ© de lâĂ©pargne, auparavant soumise au barĂšme progressif peu lisible, et rendre la France plus attractive pour les investisseurs en allĂ©geant la taxation du capital, jugĂ©e excessive. ConcrĂštement, depuis 2018, par dĂ©faut vos intĂ©rĂȘts de livret bancaire, vos dividendes dâactions ou vos gains boursiers sont imposĂ©s Ă 30%, quel que soit votre niveau de revenu. Cette flat tax se veut plus lisible et compĂ©titive (par comparaison, un contribuable riche payait auparavant jusquâĂ 60% dâimpĂŽts sur certains revenus financiers en cumulant IR et prĂ©lĂšvements sociaux). Les petits Ă©pargnants y trouvent aussi leur compte en simplicitĂ©, mĂȘme sâils conservent la possibilitĂ© dâopter pour le barĂšme progressif classique si celui-ci leur est plus favorable (notamment pour ceux faiblement imposĂ©s).
DĂ©bat sur son efficacitĂ©. PrĂšs de cinq ans aprĂšs son instauration, le bilan de la flat tax fait dĂ©bat. Ses partisans soulignent quâelle a contribuĂ© Ă un climat plus propice Ă lâinvestissement en France, en stabilisant la fiscalitĂ© du capital. Le volume de placements en actions et le financement des entreprises innovantes auraient bĂ©nĂ©ficiĂ© de cette fiscalitĂ© plus incitative, selon eux. En revanche, ses dĂ©tracteurs estiment que la flat tax a avant tout constituĂ© un cadeau aux plus aisĂ©s, creusant des manques Ă gagner pour lâĂtat sans effet macroĂ©conomique Ă©vident. Ils pointent que la France, malgrĂ© cette mesure, nâa pas connu de boom spectaculaire de lâinvestissement domestique, et que lâĂ©pargne des mĂ©nages reste majoritairement placĂ©e sur des livrets ou assurances-vie peu risquĂ©s. Dans un contexte de finances publiques tendues, la tentation est forte de revenir partiellement sur ce dispositif emblĂ©matique du « macronisme ».
Projet de hausse Ă 35-36% : les petits Ă©pargnants aussi touchĂ©s. Ainsi, en 2025, le gouvernement a ouvertement Ă©voquĂ© lâidĂ©e dâaugmenter le taux de la flat tax. Le scĂ©nario discutĂ© serait de passer de 30% Ă 33%, voire 36% dâimposition sur les revenus du capital Cette hausse de 6 points â qui porterait la flat tax Ă 36% â permettrait thĂ©oriquement de dĂ©gager environ 1,4 milliard dâeuros de recettes publiques supplĂ©mentaires par an. Chaque point de PFU en plus rapporterait en effet environ 240 millions dâeuros au TrĂ©sor. Lâenjeu est clair : contribuer au resserrement du dĂ©ficit sans (en apparence) augmenter les impĂŽts sur le travail. Toutefois, une telle mesure aurait un impact bien plus large que la taxe Zucman Ă©voquĂ©e plus haut : elle toucherait lâensemble des Ă©pargnants, y compris les classes moyennes. En effet, sont concernĂ©s non seulement les gros actionnaires ou rentiers, mais aussi les produits dâĂ©pargne populaire (intĂ©rĂȘts des livrets dâĂ©pargne, gains des assurances-vie, Plan Ăpargne Actions, etc., du moins au-delĂ des exonĂ©rations existantes). Autrement dit, « ça toucherait tout le monde, mĂȘme les petits Ă©pargnants », comme le souligne Anthony Bourbon. ConcrĂštement, une hausse Ă 36% rognerait le rendement net de nombreux placements utilisĂ©s par Monsieur et Madame Tout-le-Monde pour prĂ©parer leurs projets ou leur retraite. Par exemple, les intĂ©rĂȘts de votre assurance-vie ou de votre PEL, aujourdâhui imposĂ©s Ă 30%, le seraient demain Ă 36%.
Cette perspective suscite de vives tensions au sein mĂȘme de la majoritĂ© prĂ©sidentielle. Certains y sont favorables au nom des impĂ©ratifs budgĂ©taires et dâune participation accrue des dĂ©tenteurs de capital aisĂ©s, dâautres craignent de « rompre un symbole fort du quinquennat » et de dĂ©stabiliser la confiance des Ă©pargnants. Les milieux Ă©conomiques, de leur cĂŽtĂ©, mettent en garde contre un choc fiscal nuisible Ă lâinvestissement et Ă lâattractivitĂ© du pays. Il faut dire que la flat tax avait apportĂ© une visibilitĂ© apprĂ©ciĂ©e des investisseurs : y toucher, câest remettre en cause un pilier de la politique Ă©conomique de ces derniĂšres annĂ©es. Le gouvernement hĂ©site donc, conscient quâil sâagit dâun Ă©quilibre dĂ©licat entre nĂ©cessitĂ© financiĂšre et signal envoyĂ© aux acteurs Ă©conomiques.
Lâavis dâAnthony Bourbon : « stop » Ă la surenchĂšre fiscale. Sur ce sujet, Anthony Bourbon se montre rĂ©solument opposĂ© Ă tout alourdissement. Ă ses yeux, la France a dĂ©jĂ atteint un seuil critique en matiĂšre de pression fiscale globale. « HonnĂȘtement, on a atteint le sommet de ce quâon pouvait accepter en taxes en France : au-delĂ , les gens vont avoir une indigestion et partir », avertit-il sans ambages. Autrement dit, augmenter la flat tax de quelques points pourrait ĂȘtre la goutte dâeau de trop pour des milliers dâinvestisseurs et entrepreneurs qui, jusque-lĂ , supportaient le cadre français. Bourbon rappelle que des alternatives attractives existent dĂ©sormais un peu partout : « la qualitĂ© de vie est meilleure maintenant ailleurs⊠Tu as la GrĂšce Ă 5%, lâItalie, le Portugal, lâEspagne, la GĂ©orgie, Dubaï⊠tu as le choix en fonction de ce que tu prĂ©fĂšres », Ă©numĂšre-t-il en rĂ©fĂ©rence aux rĂ©gimes fiscaux avantageux offerts par ces pays. Il souligne ainsi que la concurrence fiscale est une rĂ©alitĂ© : si la France alourdit encore la barque, elle risque de voir sâĂ©chapper capitaux et talents vers ces destinations.
Surtout, Bourbon insiste sur le fait quâon cherche lĂ de lâ« argent frais » un peu trop facilement, alors mĂȘme que « les prĂ©lĂšvements obligatoires en France sont dĂ©jĂ parmi les plus Ă©levĂ©s du monde ». PlutĂŽt que dâaugmenter un impĂŽt qui touche massivement les Ă©pargnants, il prĂ©conise de sâattaquer aux dĂ©penses publiques excessives. « Imagines-tu, dit-il en substance, si on rĂ©duisait nos dĂ©penses de 10 000 ⏠par Français, on obtiendrait le mĂȘme effet quâen augmentant les impĂŽts de 10 000 ⏠par tĂȘte. Il faut regarder oĂč part lâargent au lieu de ponctionner davantage ». Ă la question de savoir ce quâil ferait sâil Ă©tait aux commandes, Anthony Bourbon rĂ©pond sans hĂ©siter : « Ce serait de regarder dans les dĂ©penses publiques », citant par exemple la rationalisation du train de vie de lâĂtat ou la rĂ©forme de systĂšmes coĂ»teux comme les retraites. Inciter Ă la croissance plutĂŽt que taxer, tel est son credo. « Je pousserais les jeunes Ă entreprendre en mettant des dispositifs fiscaux super intĂ©ressants », explique-t-il â câest-Ă -dire encourager lâinvestissement, la crĂ©ation de start-up, par des avantages fiscaux, plutĂŽt que de dĂ©courager lâinitiative privĂ©e. Pour Bourbon, la France ne manque pas de richesses, elle manque de mesures pour les faire fructifier sur le sol national. Augmenter la flat tax irait, selon lui, Ă lâencontre de cet objectif en pĂ©nalisant lâĂ©pargne investie et en brouillant le message pro-entrepreneurial envoyĂ© aux jeunes gĂ©nĂ©rations.
Comprendre le rĂ©gime mĂšre-fille. Moins connue du grand public, la question de lâimposition des holdings est pourtant centrale dans le dĂ©bat fiscal actuel. Une holding est une sociĂ©tĂ© qui en dĂ©tient dâautres (des filiales) dans le but de regrouper des participations financiĂšres. Câest un outil largement utilisĂ© par les grandes familles fortunĂ©es et les entrepreneurs, car il offre des avantages fiscaux considĂ©rables. Le principal mĂ©canisme en jeu est le fameux rĂ©gime « mĂšre-fille ». InstaurĂ© pour Ă©viter la double imposition des bĂ©nĂ©fices, ce rĂ©gime permet quâune sociĂ©tĂ© mĂšre recevant des dividendes de ses filiales ne soit quasiment pas imposĂ©e dessus : 95% des dividendes remontant dâune filiale sont exonĂ©rĂ©s dâimpĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s (IS) En pratique, seule une quote-part de 5% du dividende est rĂ©intĂ©grĂ©e dans le bĂ©nĂ©fice imposable de la holding, Ă titre de frais et charges. Cela revient Ă ne payer quâun impĂŽt symbolique sur ces flux financiers intra-groupes (par exemple, avec un IS Ă 25%, taxer 5% du dividende Ă©quivaut Ă un taux effectif dâenviron 1,25% sur le montant distribuĂ©). Autrement dit, les profits peuvent sâaccumuler au niveau dâune holding presque sans frottement fiscal. Tant que lâargent reste dans la structure (et nâest pas versĂ© en salaire ou dividende au bĂ©nĂ©ficiaire ultime), il Ă©chappe en grande partie Ă lâimpĂŽt sur le revenu et aux cotisations sociales.
Ce rĂ©gime mĂšre-fille, tout Ă fait lĂ©gal, explique en partie comment les milliardaires français peuvent minimiser leurs impĂŽts sans sâexiler. PlutĂŽt que de toucher directement des revenus taxĂ©s au taux marginal, ils laissent les gains dans leurs sociĂ©tĂ©s, qui ne paient presque pas dâimpĂŽt dessus, puis rĂ©investissent ces sommes dans dâautres projets.. Le revers de la mĂ©daille, du point de vue de lâĂtat, câest que dâĂ©normes masses dâargent Ă©chappent durablement Ă lâimpĂŽt grĂące Ă ce montage pourtant courant. On parle de « niche fiscale » ou « dâoptimisation » plus que de fraude : tout est conforme aux lois, mais lâesprit de justice fiscale en souffre. DâaprĂšs le dĂ©putĂ© centriste Charles de Courson, fervent opposant Ă la taxe Zucman, ce mĂ©canisme a permis Ă des centaines de milliards dâeuros de sâaccumuler hors dâatteinte du fisc. Il plaide pour quâon « rĂ©forme [le rĂ©gime mĂšre-fille] plutĂŽt que dâadopter la taxe Zucman », estimant que « ce quâil faut, câest lutter contre lâoptimisation fiscale », alors que « la taxe Zucman ne rĂ©pond absolument pas Ă ce problĂšme » ConcrĂštement, rĂ©former le rĂ©gime mĂšre-fille signifierait alourdir lâimposition des holdings : par exemple, en augmentant la quote-part taxable (passer de 5% Ă 10% ou plus), ou en limitant certaines conditions dâexonĂ©ration. Cela rendrait moins intĂ©ressant le fait de tout garder en holding, et forcerait davantage de bĂ©nĂ©fices Ă remonter vers les propriĂ©taires sous forme taxable. Une telle rĂ©forme pourrait potentiellement rapporter gros Ă lâĂtat, en ciblant prĂ©cisĂ©ment ces revenus aujourdâhui trĂšs peu taxĂ©s des grandes fortunes.
Le projet Ă lâĂ©tude et ses limites. Ă lâautomne 2025, dans la foulĂ©e de la mise au placard (temporaire) de la taxe Zucman, lâexĂ©cutif a laissĂ© entendre quâil pourrait effectivement sâattaquer Ă cette optimisation via les holdings. Lâaugmentation de lâimpĂŽt sur les holdings â prĂ©sentĂ©e comme une « taxation du patrimoine financier » des ultra-riches â est ainsi avancĂ©e comme une alternative plus rĂ©aliste politiquement que la taxe Zucman, pour faire contribuer les hauts patrimoines. Pour le gouvernement, ce serait une maniĂšre de rĂ©pondre Ă une certaine attente dâ« Ă©quitĂ© » sans taxer directement lâoutil de travail des entrepreneurs (la taxation porterait alors sur les avoirs financiers logĂ©s en holding, considĂ©rĂ©s comme plus liquides, plutĂŽt que sur les usines ou entreprises en tant que telles). Toutefois, les milieux dâaffaires Ă©mettent des rĂ©serves : ils rappellent que le rĂ©gime mĂšre-fille nâest pas quâun artifice des milliardaires, câest aussi un pilier du financement des groupes de toutes tailles. Y toucher pourrait handicaper lâinvestissement productif, en renchĂ©rissant le coĂ»t fiscal de la distribution de dividendes Ă lâintĂ©rieur dâun groupe. Par exemple, une PME en croissance qui fait remonter les bĂ©nĂ©fices de ses filiales pour les rĂ©injecter ailleurs verrait son efficacitĂ© fiscale rĂ©duite. Le risque serait alors de pĂ©naliser la compĂ©titivitĂ© des entreprises françaises vis-Ă -vis de leurs concurrentes Ă©trangĂšres, ou dâencourager la relocalisation des holdings vers des pays voisins Ă fiscalitĂ© plus douce sur les sociĂ©tĂ©s. Le dĂ©bat est donc technique et dĂ©licat : comment empĂȘcher les ultras-riches de « jouer Ă cache-cache avec le fisc » via des montages sophistiquĂ©s, sans nuire Ă lâĂ©cosystĂšme entrepreneurial ?
Bourbon : âgardez-nous la main intacte !â Anthony Bourbon, en tant quâentrepreneur-investisseur, suit de prĂšs ce dĂ©bat et sâalarme de toute surrĂ©glementation fiscale en la matiĂšre. Sâil reconnaĂźt que cette option « câest toujours mieux que la taxe Zucman » â quâil juge, on lâa vu, totalement aberrante â il refuse lâidĂ©e quâil faille trancher entre deux maux. « Zucman est tellement absurde, câest comme si on te disait : on va te couper un bras. Augmenter lâimpĂŽt sur les holdings, câest : on va te couper un doigt⊠Je prĂ©fĂšre garder ma main intacte », image-t-il pour exprimer son opposition Ă tout nouveau prĂ©lĂšvement. Selon lui, toute solution de taxation supplĂ©mentaire est une erreur dans le contexte actuel. LĂ encore, Bourbon revient Ă son argument clef : on ne peut pas impunĂ©ment ponctionner lâargent qui est en train dâĂȘtre investi et crĂ©ateur dâactivitĂ©. « Moi, tout mon argent, je le rĂ©investis⊠Donc tout ce que lâĂtat me prend, câest de lâargent que je nâinjecte pas dans lâĂ©conomie active », explique-t-il. Autrement dit, les fonds laissĂ©s dans ses holdings ne dorment pas : ils servent Ă financer des start-up, Ă embaucher, Ă innover. Les taxer davantage, câest diminuer dâautant la capacitĂ© de ces capitaux Ă irriguer lâĂ©conomie rĂ©elle. Bourbon se dit convaincu quâen encourageant plutĂŽt ces rĂ©investissements, on rĂ©coltera Ă terme bien plus de croissance â et mĂȘme de recettes fiscales indirectes â que par une taxation Ă courte vue.
Pour lâentrepreneur, le signal envoyĂ© par un durcissement fiscal sur les holdings serait dĂ©sastreux : « on devrait valoriser les riches qui investissent et qui travaillent, plutĂŽt que les faire fuir », plaide-t-il. Ă ses yeux, la France devrait au contraire faciliter la vie de ceux qui entreprennent, plutĂŽt que de multiplier les mesures perçues comme de la dĂ©fiance ou de la sanction. Il rejoint en cela lâidĂ©e dâune fiscalitĂ© « mĂ©ritocratique », qui distinguerait entre « le riche qui bosse et le riche qui ne fout rien ». « Jâen ai autour de moi », raconte Bourbon. « Il y a celui qui a hĂ©ritĂ©, qui nâa jamais travaillĂ© et qui dilapide sa rente, et celui qui a créé cinq ou six boĂźtes et embauchĂ© des centaines de personnes. Câest trĂšs diffĂ©rent ». Or, les mesures comme la taxe sur les holdings risquent dâaffecter tout le monde indistinctement. Lui milite pour quâon Ă©pargne au maximum ceux qui crĂ©ent de la valeur et des emplois, mĂȘme sâil faut pour cela complexifier un peu le systĂšme fiscal pour adapter les barĂšmes. Cette vision soulĂšve des dĂ©fis pratiques (comment mesurer le âmĂ©riteâ ou la contribution de telle fortune Ă lâĂ©conomie ?), mais elle a le mĂ©rite de poser le dĂ©bat en des termes moins idĂ©ologiques : qui taxer plutĂŽt que combien taxer.
Les polĂ©miques autour de la taxe Zucman, de la flat tax ou de lâimposition des holdings traduisent une frustration partagĂ©e sur lâĂ©tat du modĂšle fiscal français, mais proposent des remĂšdes radicalement diffĂ©rents. Dâun cĂŽtĂ©, ceux qui appellent Ă plus de solidaritĂ© fiscale estiment quâil est normal, face Ă la crise des finances publiques et aux inĂ©galitĂ©s croissantes, de faire contribuer davantage les plus riches â que ce soit via un impĂŽt sur la fortune version Zucman, un alignement Ă la hausse de la fiscalitĂ© de lâĂ©pargne, ou la fermeture de niches comme le rĂ©gime mĂšre-fille. En face, des voix comme celle dâAnthony Bourbon alertent sur le risque de tuer la poule aux Ćufs dâor : Ă force de vouloir trop taxer le capital et la rĂ©ussite, la France ferait fuir ses entrepreneurs, ses investisseurs et ses forces vives, pour un bĂ©nĂ©fice budgĂ©taire incertain.
Bourbon, lui, en appelle Ă une rĂ©volution culturelle et politique en matiĂšre de fiscalitĂ©. Ancien jeune en situation prĂ©caire devenu millionnaire self-made, il incarne une forme de « rĂȘve français » quâil voudrait voir accessible Ă tous. Il comprend la colĂšre de ceux qui peinent Ă boucler les fins de mois et trouvent indĂ©cent lâenrichissement dâune Ă©lite â « je comprends la frustration des pauvres⊠câest insupportable de se sentir condamnĂ© Ă sa classe sociale », confie-t-il â mais il est convaincu que la solution passe par la mĂ©ritocratie et lâespoir, plutĂŽt que par la punition aveugle de la richesse. « Jâessaie dâenvoyer un message aux jeunes en leur disant : vous aussi, vous pourrez lâĂȘtre un jour [riches] », dĂ©clare Anthony Bourbon, « et pour cela il faut favoriser lâentrepreneuriat, lâinnovation, comme câest le cas aux Ătats-Unis ». Il suggĂšre de rĂ©compenser lâinitiative : par exemple, allĂ©ger fortement lâimpĂŽt pour un crĂ©ateur dâentreprise qui rĂ©investit ses profits, quitte Ă compenser par une taxation plus forte des fortunes purement hĂ©ritĂ©es ou oisives. Il insiste Ă©galement sur lâefficacitĂ© de la dĂ©pense publique : chaque euro Ă©conomisĂ© sur le train de vie de lâĂtat, dit-il, est un euro qui peut rester dans la poche des citoyens ou ĂȘtre investi utilement ailleurs.
Ce discours tranche avec une certaine tradition française de mĂ©fiance envers lâenrichissement individuel, mais il rejoint des prĂ©occupations grandissantes chez de nombreux entrepreneurs et Ă©conomistes. Faut-il rĂ©former en profondeur le systĂšme fiscal français pour le rendre Ă la fois plus juste et plus incitatif Ă la croissance ? Comment mieux distinguer la rente improductive de la richesse crĂ©atrice ? Le dĂ©bat est ouvert. En attendant, les projets comme la taxe Zucman ou la hausse de la flat tax demeurent en suspens, symptĂŽme dâune hĂ©sitation nationale sur la voie Ă suivre. Taxer plus les riches, au risque de ralentir lâĂ©conomie, ou dĂ©penser mieux et libĂ©rer les Ă©nergies, au risque de bousculer lâordre Ă©tabli ?
Anthony Bourbon, lui, a fait son choix. « Je ne crois plus aux politiques, ni de droite ni de gauche. Je pense que câest le peuple qui doit reprendre le pouvoir », affirme-t-il, appelant de ses vĆux un sursaut collectif. En attendant une Ă©ventuelle rĂ©volution fiscale, son tĂ©moignage apporte un Ă©clairage sans concession sur lâautre face du dĂ©bat : celle qui prĂŽne la responsabilitĂ© budgĂ©taire et la confiance en ceux qui entreprennent. Accessible et pĂ©dagogique, le dĂ©bat fiscal français contemporain gagne Ă confronter ces points de vue pour, peut-ĂȘtre, inventer un nouveau modĂšle alliant mĂ©rite et solidaritĂ©.
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