đŸ‡«đŸ‡·â€‹â€‹ Taxe Zucman, flat tax, holdings : l'avis d'Anthony Bourbon sur ce potentiel choc fiscal français

Au menu : le “miracle” budgĂ©taire portugais, le parcours de Roland Lescure, l'emprunt record de la France, le coĂ»t du gel des retraites et l’envolĂ©e historique de l’or. En dĂ©cryptage : mon interview exclusive avec Anthony Bourbon sur la taxe Zucman, la flat tax et l’imposition des holdings.

Économix
17 min ⋅ 16/10/2025

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Voici ce que j’ai pour vous cette semaine :

BAISSE DES IMPÔTS, AUGMENTATION DES RETRAITES, L’EXCELLENTE CROISSANCE DU PORTUGAL

Autrefois considĂ©rĂ© comme l’un des « mauvais Ă©lĂšves » de l’Union europĂ©enne, le Portugal affiche aujourd’hui une santĂ© Ă©conomique exemplaire. En 2025, le pays s’apprĂȘte Ă  boucler sa deuxiĂšme annĂ©e consĂ©cutive avec un excĂ©dent budgĂ©taire, un fait inĂ©dit depuis la RĂ©volution des ƒillets de 1974. Lisbonne prĂ©voit un excĂ©dent public de 0,3 % du PIB en 2025, aprĂšs +1,2 % en 2024 — un chiffre dĂ©jĂ  supĂ©rieur aux attentes. Et la tendance devrait se poursuivre : l’excĂ©dent atteindrait encore 0,1 % en 2026, confirmant une trajectoire de stabilitĂ© financiĂšre rare en Europe. Cette rigueur a permis une rĂ©duction continue de la dette publique, passĂ©e de 93,6 % du PIB en 2024 Ă  90,2 % attendus en 2025, puis 87,8 % en 2026. Une baisse historique, alors mĂȘme que la plupart des grandes Ă©conomies europĂ©ennes — la France en tĂȘte — voient leurs ratios d’endettement s’alourdir. Fort de cette soliditĂ© budgĂ©taire, le gouvernement du social-dĂ©mocrate LuĂ­s Montenegro dispose dĂ©sormais de marges pour relancer le pouvoir d’achat et soutenir les mĂ©nages. Les retraites les plus modestes seront significativement revalorisĂ©es, tandis que l’impĂŽt sur le revenu sera allĂ©gĂ© pour les classes moyennes, aprĂšs des annĂ©es d’austĂ©ritĂ© budgĂ©taire. Le redressement portugais s’explique par une combinaison de rigueur budgĂ©taire, de croissance solide et de recettes fiscales soutenues par un tourisme en plein essor. Lisbonne, Porto et l’Algarve continuent d’attirer des millions de visiteurs, gĂ©nĂ©rant des revenus records et stimulant l’emploi. Cette “locomotive du tourisme” agit dĂ©sormais comme un amortisseur macroĂ©conomique face aux turbulences europĂ©ennes. En conjuguant discipline budgĂ©taire, relance sociale et attractivitĂ© Ă©conomique, le Portugal s’impose comme le contre-exemple parfait de la spirale dĂ©ficitaire française. Une leçon de rigueur et de stratĂ©gie dont Bruxelles prend soigneusement note.

QUI EST ROLAND LESCURE, CE FRANCO-CANADIEN DEVENU MINISTRE DE L’ÉCONOMIE

Proche d’Emmanuel Macron, Roland Lescure a fait son retour Ă  Bercy dans le premier gouvernement Lecornu, avant d’ĂȘtre reconduit dans le second. ÂgĂ© de 58 ans et nĂ© Ă  Paris, Roland Lescure est issu d’un milieu engagĂ© : son pĂšre Ă©tait journaliste Ă  L’HumanitĂ© et sa mĂšre membre de la CGT Ă  la RATP. Son demi-frĂšre n’est autre que Pierre Lescure, ancien PDG de Canal+. DiplĂŽmĂ© de l’École polytechnique, de l’ENSAE et de la London School of Economics, il dĂ©bute sa carriĂšre dans la finance. En 2005, il devient directeur gĂ©nĂ©ral de Natixis Asset Management, puis directeur gĂ©nĂ©ral adjoint et responsable des gestions de Groupama. Se rĂ©clamant d’un centre gauche « pragmatique », il rejoint le Parti socialiste en 2006, Ă  l’époque de la candidature de Dominique Strauss-Kahn Ă  la primaire prĂ©sidentielle. En 2009, il s’expatrie au Canada pour devenir numĂ©ro deux de la Caisse de dĂ©pĂŽt et placement du QuĂ©bec, oĂč il acquiert la nationalitĂ© canadienne et perçoit un salaire d’environ un million d’euros. Son entrĂ©e dans la sphĂšre macroniste date de 2017, lorsqu’il est Ă©lu dĂ©putĂ© des Français d’AmĂ©rique du Nord et prend la prĂ©sidence de la commission des Affaires Ă©conomiques. En juillet 2022, il intĂšgre le gouvernement d’Élisabeth Borne comme ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© de l’Industrie, avant de voir son portefeuille Ă©largi Ă  l’Énergie sous Gabriel Attal. En 2024, il devient vice-prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale, puis, le 12 octobre 2025, ministre de l’Économie, des Finances et de la SouverainetĂ© industrielle, Ă©nergĂ©tique et numĂ©rique. Sur le plan des idĂ©es, Roland Lescure s’est illustrĂ© par plusieurs positions fortes : il a qualifiĂ© l’accord commercial UE–États-Unis sur les tarifs douaniers « d’aveu de faiblesse historique », s’est opposĂ© Ă  la taxe Zucman sur le capital, et s’est dĂ©clarĂ© favorable Ă  la lĂ©galisation du cannabis. Financier aguerri et homme politique expĂ©rimentĂ©, il incarne aujourd’hui la continuitĂ© Ă©conomique du macronisme, entre rigueur budgĂ©taire, attractivitĂ© industrielle et diplomatie Ă©conomique.

DETTE RECORD : LA FRANCE VA EMPRUNTER 310 MILLIARDS D’EUROS EN 2026

L’Agence France TrĂ©sor (AFT) a confirmĂ© que la France lĂšvera 310 milliards d’euros sur les marchĂ©s en 2026, un montant jamais atteint. AprĂšs un record dĂ©jĂ  Ă©tabli Ă  300 milliards en 2025, l’État augmente encore son recours Ă  la dette de 10 milliards, dans un contexte politique et budgĂ©taire toujours incertain. Ces 310 milliards serviront Ă  la fois Ă  financer le dĂ©ficit public et Ă  rembourser les emprunts arrivant Ă  Ă©chĂ©ance. Sur ce total, 175,8 milliards d’euros seront consacrĂ©s au remboursement de la dette Ă  moyen et long terme, contre 168 milliards l’an dernier. Le besoin global de financement atteindra ainsi 305,7 milliards, soit 8 milliards de plus que l’an passĂ©. En proportion du PIB, cette dette reprĂ©sente 10,1 %, un ratio stable mais toujours trĂšs Ă©levĂ©. La dette publique française frĂŽle dĂ©sormais les 3 400 milliards d’euros, soit 115,6 % du PIB — un “Himalaya”, pour reprendre les mots de l’ancien Premier ministre François Bayrou. Le projet de loi de finances pour 2026 fixe un objectif de dĂ©ficit public Ă  4,7 % du PIB, mais SĂ©bastien Lecornu a reconnu qu’il pourrait grimper jusqu’à 5 %, en raison des difficultĂ©s Ă  faire adopter un budget d’austĂ©ritĂ© sans majoritĂ© solide. La charge des intĂ©rĂȘts de la dette explose : elle atteindra 59,3 milliards d’euros en 2026, contre 52 milliards en 2025, selon l’AFT. Ce chiffre ne prend mĂȘme pas en compte les dettes des collectivitĂ©s locales ni celles de la SĂ©curitĂ© sociale. Les marchĂ©s et les agences de notation surveillent la situation de prĂšs. AprĂšs la dĂ©gradation opĂ©rĂ©e par Fitch, c’est au tour de Moody’s de se prononcer le 24 octobre. Une nouvelle baisse de la note française alourdirait encore le coĂ»t de l’emprunt, risquant d’alimenter une spirale de dette difficile Ă  maĂźtriser.

RETRAITES : LA SUSPENSION DÉCIDÉE PAR LE GOUVERNEMENT COÛTERA PLUSIEURS MILLIARDS D’EUROS

Le Premier ministre SĂ©bastien Lecornu a confirmĂ© la suspension de la rĂ©forme des retraites de 2023 jusqu’à la prĂ©sidentielle. L’ñge de dĂ©part reste donc fixĂ© Ă  62 ans et 9 mois, pour une durĂ©e de cotisation de 170 trimestres. Mais cette pause politique a un coĂ»t considĂ©rable : selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), mĂȘme avec la rĂ©forme, le systĂšme resterait dĂ©ficitaire Ă  hauteur de 15 milliards d’euros en 2035 et 30 milliards en 2045, soit prĂšs de 75 milliards de dĂ©ficit cumulĂ© d’ici 2030. Sans la rĂ©forme, la facture pourrait grimper d’environ 25 milliards supplĂ©mentaires. Un choix politiquement payant, mais budgĂ©tairement risquĂ©. Roland Lescure a averti que suspendre la rĂ©forme coĂ»terait “des centaines de millions en 2026 et des milliards en 2027”. Le COR estime que le blocage simultanĂ© de l’ñge de dĂ©part et de la durĂ©e de cotisation priverait le systĂšme de prĂšs de 6 milliards d’euros et les finances publiques de 16,5 milliards d’ici 2035. En euros courants, la facture rĂ©elle pourrait ĂȘtre bien plus lourde. Pour compenser ce renoncement, une hausse des cotisations vieillesse serait inĂ©vitable. Chaque point supplĂ©mentaire rapporte environ 7 milliards d’euros, selon la Commission des comptes de la SĂ©curitĂ© sociale — soit 400 euros de prĂ©lĂšvements additionnels par salariĂ© et par an. Une mesure qui pĂšserait lourdement sur le pouvoir d’achat et la compĂ©titivitĂ© des entreprises, en pleine pĂ©riode de rĂ©industrialisation. Autre option Ă©voquĂ©e : un gel partiel ou prolongĂ© des pensions jusqu’en 2029, Ă©quivalant Ă  quatre annĂ©es de dĂ©sindexation pour compenser le manque Ă  gagner. Une solution jugĂ©e “techniquement viable” par certains Ă©conomistes, mais politiquement explosive, tant elle rognerait le pouvoir d’achat des retraitĂ©s. En somme, la suspension de la rĂ©forme apaise les tensions sociales Ă  court terme, mais creuse encore davantage le dĂ©sĂ©quilibre structurel du systĂšme de retraites et fragilise un peu plus les finances publiques françaises.

L’OR FRANCHIT POUR LA PREMIÈRE FOIS DE SON HISTOIRE LES 4 200 DOLLARS

L’or poursuit une ascension spectaculaire. Mercredi, le mĂ©tal jaune a franchi pour la premiĂšre fois la barre symbolique des 4 200 dollars l’once, atteignant un record historique Ă  4 217,95 dollars. En hausse de plus de 60 % depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, il profite d’un environnement explosif mĂȘlant anticipation de baisses de taux, tensions gĂ©opolitiques et achats massifs des banques centrales. « Le mĂ©tal est lancĂ© et ne semble pas vouloir s’arrĂȘter. Les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, rallumĂ©es ces derniers jours, renforcent encore la demande de couverture », observe Fawad Razaqzada, analyste chez City Index. Selon lui, les investisseurs diversifient leurs portefeuilles en se tournant vers l’or, considĂ©rĂ© comme la meilleure couverture face Ă  la volatilitĂ© boursiĂšre. Il estime mĂȘme que le seuil des 5 000 dollars l’once, dĂ©sormais Ă  portĂ©e de main, n’est plus une hypothĂšse irrĂ©aliste. Une Ă©ventuelle correction Ă  court terme, prĂ©vient-il, « ne ferait que purger le marchĂ© et crĂ©er de nouveaux points d’entrĂ©e pour les acheteurs ». La RĂ©serve fĂ©dĂ©rale amĂ©ricaine a, de son cĂŽtĂ©, renforcĂ© ce mouvement. Mardi, Jerome Powell a adoptĂ© un ton plus accommodant, Ă©voquant un marchĂ© du travail « engluĂ© dans une phase de faible embauche et faible licenciement ». ConsĂ©quence immĂ©diate : le dollar recule et les marchĂ©s anticipent dĂ©sormais Ă  98 % une premiĂšre baisse de 25 points de base en octobre, suivie d’une seconde en dĂ©cembre, dĂ©jĂ  pleinement intĂ©grĂ©e dans les prix. Sur le plan gĂ©opolitique, la montĂ©e des tensions entre Washington et PĂ©kin continue d’alimenter la demande d’actifs refuges. Donald Trump a Ă©voquĂ© une possible rĂ©duction des liens commerciaux aprĂšs une sĂ©rie de surtaxes rĂ©ciproques. À cela s’ajoute le shutdown du gouvernement amĂ©ricain, qui paralyse la publication des statistiques Ă©conomiques et accentue l’incertitude des investisseurs. Dans ce contexte de taux attendus en baisse, de tensions persistantes et de visibilitĂ© Ă©conomique brouillĂ©e, l’or confirme plus que jamais son statut de valeur refuge universelle.


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L’exploration Éco de la semaine

Taxe Zucman, flat tax, holdings : comprendre les débats fiscaux actuels en France

Un dĂ©bat fiscal relancĂ© par la quĂȘte de « justice » et les besoins budgĂ©taires

Face Ă  un dĂ©ficit public persistant et Ă  une opinion publique sensible aux inĂ©galitĂ©s, plusieurs mesures fiscales ciblant les plus fortunĂ©s ont rĂ©cemment Ă©mergĂ© dans le dĂ©bat français. Parmi elles, la « taxe Zucman », un impĂŽt annuel de 2% sur les patrimoines dĂ©passant 100 millions d’euros, a fait grand bruit. De mĂȘme, le gouvernement envisage de relever la flat tax (ou prĂ©lĂšvement forfaitaire unique) sur les revenus du capital, aujourd’hui fixĂ©e Ă  30%. Enfin, le rĂ©gime d’imposition des holdings – notamment le rĂ©gime « mĂšre-fille » qui permet aux grandes fortunes de limiter leur fiscalitĂ© en empilant des sociĂ©tĂ©s – se retrouve dans le collimateur de certains Ă©lus, notamment du gouvernement Lecornu II. Ces propositions se veulent des rĂ©ponses Ă  un impĂ©ratif de justice fiscale et de redressement budgĂ©taire, mais elles suscitent de vives critiques du cĂŽtĂ© des entrepreneurs et investisseurs, qui y voient un risque pour l’économie.

Anthony Bourbon, entrepreneur Ă  succĂšs et fondateur du club d’investissement Blast, fait partie de ces voix critiques. Ancien enfant dĂ©favorisĂ© devenu chef d’entreprise, il porte un regard singulier sur ces mesures. À la fois pĂ©dagogique et tranchĂ©, il dĂ©nonce des taxes « injustes » ou « absurdes » et plaide pour une rĂ©forme de fond du systĂšme fiscal français, fondĂ©e sur la maĂźtrise des dĂ©penses publiques et le soutien Ă  ceux qui crĂ©ent de la richesse. Qu’impliquent exactement la taxe Zucman, la flat tax ou la taxation des holdings ? Pourquoi divisent-elles autant ? Voici un tour d’horizon clair de ces dispositifs, assorti des explications et critiques d’Anthony Bourbon pour Ă©clairer le dĂ©bat fiscal contemporain.

La taxe Zucman : un impÎt inédit sur les ultra-riches

Origine et principe. La « taxe Zucman » tire son nom de l’économiste français Gabriel Zucman, spĂ©cialiste des inĂ©galitĂ©s et de l’évasion fiscale. Soutenu par une partie de la gauche, il propose de mettre Ă  contribution les ultra-riches via un impĂŽt annuel minimal de 2% sur les patrimoines nets supĂ©rieurs Ă  100 millions d’euros. En pratique, cela concernerait environ 1 800 personnes en France – les plus grandes fortunes du pays. L’idĂ©e est d’instaurer un plancher de taxation : tout mĂ©nage dont la fortune excĂšde 100 millions devrait acquitter au moins l’équivalent de 2% de cette fortune chaque annĂ©e (en additionnant tous ses impĂŽts existants, et en payant un complĂ©ment le cas Ă©chĂ©ant). Les promoteurs de la mesure y voient « une mesure de justice fiscale » pour corriger un systĂšme oĂč, selon Zucman, « les milliardaires paient proportionnellement deux fois moins d’impĂŽts que le Français moyen ». En effet, la richesse totale des 500 Français les plus fortunĂ©s a explosĂ© ces derniĂšres dĂ©cennies (elle a crĂ» trois fois plus vite que le PIB selon le magazine Challenges), tandis que les plus riches optimisent leur fiscalitĂ© via des holdings et ne versent en moyenne qu’environ 0,3% de la valeur de leur patrimoine en impĂŽts chaque annĂ©e. Dans un contexte de dette publique record, la taxe Zucman promettrait ainsi de « faire payer les ultra-riches » pour renflouer les caisses de l’État. Les estimations de rendement vont de 5 Ă  25 milliards d’euros par an – un montant non nĂ©gligeable, bien que variable selon les hypothĂšses de comportements des contribuables visĂ©s.

Fonctionnement et Ă©cueils. Techniquement, cette taxe frapperait l’ensemble du patrimoine d’un individu (biens immobiliers, financiers, parts d’entreprise, etc.), y compris son patrimoine professionnel. C’est lĂ  que le bĂąt blesse selon ses dĂ©tracteurs, car une grande part de ces fortunes se compose d’actifs illiquides – par exemple des actions d’une entreprise familiale non cotĂ©e, dont la valeur « sur le papier » peut ĂȘtre Ă©levĂ©e sans que le propriĂ©taire ait des liquiditĂ©s correspondantes. Or, un impĂŽt de 2% annuel obligerait potentiellement ces personnes Ă  vendre des parts de leurs entreprises chaque annĂ©e pour payer la taxe. Cela reviendrait Ă  taxer des gains non rĂ©alisĂ©s, ce qui est inĂ©dit. « On va te taxer pour de l’argent que tu n’as pas encore touchĂ© » s’indigne Anthony Bourbon Ă  propos de la taxe Zucman. Il illustre le problĂšme par son propre vĂ©cu d’entrepreneur : Ă  une Ă©poque, sa start-up avait une valorisation estimĂ©e Ă  prĂšs de 100 millions d’euros sur le marchĂ©, ce qui l’aurait fait entrer dans le champ de la taxe. « Si la taxe Zucman avait existĂ©, j’aurais dĂ» payer 2 % de ces 100 millions, soit 2 millions d’euros par an
 sauf que je ne les avais pas en caisse » explique-t-il. Il aurait donc dĂ» s’endetter ou cĂ©der des actions simplement pour payer l’impĂŽt. Pire, la valeur de sa sociĂ©tĂ© a depuis baissĂ© : il aurait versĂ© des millions « Ă  fonds perdus » Ă  l’État pour une richesse virtuelle envolĂ©e. « C’est complĂštement absurde », tranche-t-il.

Critiques et risque d’exil fiscal. Outre son injustice perçue sur les actifs illiquides, la taxe Zucman fait craindre un exil des grandes fortunes. Ses dĂ©tracteurs rappellent que la France a supprimĂ© son ancien impĂŽt sur la fortune (ISF) en 2017 en partie pour enrayer les dĂ©parts de contribuables fortunĂ©s. Un retour d’une taxation patrimoniale aussi ambitieuse pourrait inciter les plus riches Ă  dĂ©mĂ©nager sous des cieux fiscaux plus clĂ©ments. Anthony Bourbon fait partie de ceux qui brandissent cet avertissement. DerriĂšre l’humour, le message est clair : au-delĂ  d’un certain seuil de pression fiscale, les acteurs Ă©conomiques mobiles (grands entrepreneurs, investisseurs) finiront par quitter la France. « Les businessmen
 ne vont pas [dĂ©penser leur argent] n’importe comment, surtout quand il est mal utilisé  Ils vont se barrer », prĂ©vient Bourbon, qui souligne qu’avec le numĂ©rique « aujourd’hui, la richesse est digitale
 tu pars du jour au lendemain, tout le monde travaille en visio
 Que je choisisse Paris ou DubaĂŻ, ça ne me change rien ». Il rĂ©fute ainsi l’argument historique selon lequel « les riches ne partent pas vraiment » : si autrefois les grandes fortunes Ă©taient surtout investies en usines ou immeubles difficilement dĂ©localisables, dĂ©sormais elles peuvent s’en aller avec leurs start-ups, leurs crypto-monnaies ou leur capital humain hautement qualifiĂ©.

« Opposer riches et pauvres, un faux dĂ©bat ». Pour Anthony Bourbon, focaliser le dĂ©bat politique sur cette « taxe super-riches » relĂšve enfin de la fausse solution. Il dĂ©plore une tendance Ă  « opposer les riches et les pauvres, la droite et la gauche, pour que tout le monde s’écharpe et [qu’]on oublie le vrai problĂšme ». Et ce vrai problĂšme, selon lui, c’est avant tout la mauvaise gestion de l’argent public. « Le problĂšme, c’est pas de taxer plus ou de trouver de l’argent neuf, c’est d’économiser celui qu’on a dĂ©jĂ  » martĂšle-t-il. Le jeune chef d’entreprise s’étonne que l’on cherche de nouvelles recettes fiscales alors que « la France dĂ©pense 600 milliards par an et n’en gagne que 500
 La premiĂšre chose Ă  faire, c’est d’équilibrer et donc de dĂ©penser moins ». Il cite pĂȘle-mĂȘle les gabegies qu’il observe : budgets plĂ©thoriques de certaines administrations et institutions, train de vie des responsables politiques, inefficacitĂ©s diverses. À ses yeux, la prioritĂ© devrait ĂȘtre de tailler dans ces dĂ©penses avant de solliciter davantage les contribuables. « Ce qui manque Ă  la politique aujourd’hui, c’est pas de taxer plus, c’est de faire des Ă©conomies », assĂšne Anthony Bourbon. En somme, la taxe Zucman serait Ă  la fois injuste dans son principe et contre-productive dans ses effets, dĂ©tournant l’attention des rĂ©formes structurelles nĂ©cessaires.

La flat tax : une taxation forfaitaire du capital remise en question

DĂ©finition et fonctionnement. La flat tax – officiellement prĂ©lĂšvement forfaitaire unique (PFU) – est un impĂŽt proportionnel forfaitaire de 30% sur les revenus du capital (intĂ©rĂȘts, dividendes, plus-values mobiliĂšres, etc.), en vigueur en France depuis 2018. Mis en place au dĂ©but du quinquennat Macron, ce taux unique de 30% se dĂ©compose en 12,8% d’impĂŽt sur le revenu et 17,2% de prĂ©lĂšvements sociaux. L’objectif affichĂ© Ă©tait double : simplifier la fiscalitĂ© de l’épargne, auparavant soumise au barĂšme progressif peu lisible, et rendre la France plus attractive pour les investisseurs en allĂ©geant la taxation du capital, jugĂ©e excessive. ConcrĂštement, depuis 2018, par dĂ©faut vos intĂ©rĂȘts de livret bancaire, vos dividendes d’actions ou vos gains boursiers sont imposĂ©s Ă  30%, quel que soit votre niveau de revenu. Cette flat tax se veut plus lisible et compĂ©titive (par comparaison, un contribuable riche payait auparavant jusqu’à 60% d’impĂŽts sur certains revenus financiers en cumulant IR et prĂ©lĂšvements sociaux). Les petits Ă©pargnants y trouvent aussi leur compte en simplicitĂ©, mĂȘme s’ils conservent la possibilitĂ© d’opter pour le barĂšme progressif classique si celui-ci leur est plus favorable (notamment pour ceux faiblement imposĂ©s).

DĂ©bat sur son efficacitĂ©. PrĂšs de cinq ans aprĂšs son instauration, le bilan de la flat tax fait dĂ©bat. Ses partisans soulignent qu’elle a contribuĂ© Ă  un climat plus propice Ă  l’investissement en France, en stabilisant la fiscalitĂ© du capital. Le volume de placements en actions et le financement des entreprises innovantes auraient bĂ©nĂ©ficiĂ© de cette fiscalitĂ© plus incitative, selon eux. En revanche, ses dĂ©tracteurs estiment que la flat tax a avant tout constituĂ© un cadeau aux plus aisĂ©s, creusant des manques Ă  gagner pour l’État sans effet macroĂ©conomique Ă©vident. Ils pointent que la France, malgrĂ© cette mesure, n’a pas connu de boom spectaculaire de l’investissement domestique, et que l’épargne des mĂ©nages reste majoritairement placĂ©e sur des livrets ou assurances-vie peu risquĂ©s. Dans un contexte de finances publiques tendues, la tentation est forte de revenir partiellement sur ce dispositif emblĂ©matique du « macronisme ».

Projet de hausse Ă  35-36% : les petits Ă©pargnants aussi touchĂ©s. Ainsi, en 2025, le gouvernement a ouvertement Ă©voquĂ© l’idĂ©e d’augmenter le taux de la flat tax. Le scĂ©nario discutĂ© serait de passer de 30% Ă  33%, voire 36% d’imposition sur les revenus du capital Cette hausse de 6 points – qui porterait la flat tax Ă  36% – permettrait thĂ©oriquement de dĂ©gager environ 1,4 milliard d’euros de recettes publiques supplĂ©mentaires par an. Chaque point de PFU en plus rapporterait en effet environ 240 millions d’euros au TrĂ©sor. L’enjeu est clair : contribuer au resserrement du dĂ©ficit sans (en apparence) augmenter les impĂŽts sur le travail. Toutefois, une telle mesure aurait un impact bien plus large que la taxe Zucman Ă©voquĂ©e plus haut : elle toucherait l’ensemble des Ă©pargnants, y compris les classes moyennes. En effet, sont concernĂ©s non seulement les gros actionnaires ou rentiers, mais aussi les produits d’épargne populaire (intĂ©rĂȘts des livrets d’épargne, gains des assurances-vie, Plan Épargne Actions, etc., du moins au-delĂ  des exonĂ©rations existantes). Autrement dit, « ça toucherait tout le monde, mĂȘme les petits Ă©pargnants », comme le souligne Anthony Bourbon. ConcrĂštement, une hausse Ă  36% rognerait le rendement net de nombreux placements utilisĂ©s par Monsieur et Madame Tout-le-Monde pour prĂ©parer leurs projets ou leur retraite. Par exemple, les intĂ©rĂȘts de votre assurance-vie ou de votre PEL, aujourd’hui imposĂ©s Ă  30%, le seraient demain Ă  36%.

Cette perspective suscite de vives tensions au sein mĂȘme de la majoritĂ© prĂ©sidentielle. Certains y sont favorables au nom des impĂ©ratifs budgĂ©taires et d’une participation accrue des dĂ©tenteurs de capital aisĂ©s, d’autres craignent de « rompre un symbole fort du quinquennat » et de dĂ©stabiliser la confiance des Ă©pargnants. Les milieux Ă©conomiques, de leur cĂŽtĂ©, mettent en garde contre un choc fiscal nuisible Ă  l’investissement et Ă  l’attractivitĂ© du pays. Il faut dire que la flat tax avait apportĂ© une visibilitĂ© apprĂ©ciĂ©e des investisseurs : y toucher, c’est remettre en cause un pilier de la politique Ă©conomique de ces derniĂšres annĂ©es. Le gouvernement hĂ©site donc, conscient qu’il s’agit d’un Ă©quilibre dĂ©licat entre nĂ©cessitĂ© financiĂšre et signal envoyĂ© aux acteurs Ă©conomiques.

L’avis d’Anthony Bourbon : « stop » Ă  la surenchĂšre fiscale. Sur ce sujet, Anthony Bourbon se montre rĂ©solument opposĂ© Ă  tout alourdissement. À ses yeux, la France a dĂ©jĂ  atteint un seuil critique en matiĂšre de pression fiscale globale. « HonnĂȘtement, on a atteint le sommet de ce qu’on pouvait accepter en taxes en France : au-delĂ , les gens vont avoir une indigestion et partir », avertit-il sans ambages. Autrement dit, augmenter la flat tax de quelques points pourrait ĂȘtre la goutte d’eau de trop pour des milliers d’investisseurs et entrepreneurs qui, jusque-lĂ , supportaient le cadre français. Bourbon rappelle que des alternatives attractives existent dĂ©sormais un peu partout : « la qualitĂ© de vie est meilleure maintenant ailleurs
 Tu as la GrĂšce Ă  5%, l’Italie, le Portugal, l’Espagne, la GĂ©orgie, Dubaï
 tu as le choix en fonction de ce que tu prĂ©fĂšres », Ă©numĂšre-t-il en rĂ©fĂ©rence aux rĂ©gimes fiscaux avantageux offerts par ces pays. Il souligne ainsi que la concurrence fiscale est une rĂ©alitĂ© : si la France alourdit encore la barque, elle risque de voir s’échapper capitaux et talents vers ces destinations.

Surtout, Bourbon insiste sur le fait qu’on cherche lĂ  de l’« argent frais » un peu trop facilement, alors mĂȘme que « les prĂ©lĂšvements obligatoires en France sont dĂ©jĂ  parmi les plus Ă©levĂ©s du monde ». PlutĂŽt que d’augmenter un impĂŽt qui touche massivement les Ă©pargnants, il prĂ©conise de s’attaquer aux dĂ©penses publiques excessives. « Imagines-tu, dit-il en substance, si on rĂ©duisait nos dĂ©penses de 10 000 € par Français, on obtiendrait le mĂȘme effet qu’en augmentant les impĂŽts de 10 000 € par tĂȘte. Il faut regarder oĂč part l’argent au lieu de ponctionner davantage ». À la question de savoir ce qu’il ferait s’il Ă©tait aux commandes, Anthony Bourbon rĂ©pond sans hĂ©siter : « Ce serait de regarder dans les dĂ©penses publiques », citant par exemple la rationalisation du train de vie de l’État ou la rĂ©forme de systĂšmes coĂ»teux comme les retraites. Inciter Ă  la croissance plutĂŽt que taxer, tel est son credo. « Je pousserais les jeunes Ă  entreprendre en mettant des dispositifs fiscaux super intĂ©ressants », explique-t-il – c’est-Ă -dire encourager l’investissement, la crĂ©ation de start-up, par des avantages fiscaux, plutĂŽt que de dĂ©courager l’initiative privĂ©e. Pour Bourbon, la France ne manque pas de richesses, elle manque de mesures pour les faire fructifier sur le sol national. Augmenter la flat tax irait, selon lui, Ă  l’encontre de cet objectif en pĂ©nalisant l’épargne investie et en brouillant le message pro-entrepreneurial envoyĂ© aux jeunes gĂ©nĂ©rations.

Holdings et rĂ©gime « mĂšre-fille » : l’optimisation fiscale des fortunes dans le viseur

Comprendre le rĂ©gime mĂšre-fille. Moins connue du grand public, la question de l’imposition des holdings est pourtant centrale dans le dĂ©bat fiscal actuel. Une holding est une sociĂ©tĂ© qui en dĂ©tient d’autres (des filiales) dans le but de regrouper des participations financiĂšres. C’est un outil largement utilisĂ© par les grandes familles fortunĂ©es et les entrepreneurs, car il offre des avantages fiscaux considĂ©rables. Le principal mĂ©canisme en jeu est le fameux rĂ©gime « mĂšre-fille ». InstaurĂ© pour Ă©viter la double imposition des bĂ©nĂ©fices, ce rĂ©gime permet qu’une sociĂ©tĂ© mĂšre recevant des dividendes de ses filiales ne soit quasiment pas imposĂ©e dessus : 95% des dividendes remontant d’une filiale sont exonĂ©rĂ©s d’impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s (IS) En pratique, seule une quote-part de 5% du dividende est rĂ©intĂ©grĂ©e dans le bĂ©nĂ©fice imposable de la holding, Ă  titre de frais et charges. Cela revient Ă  ne payer qu’un impĂŽt symbolique sur ces flux financiers intra-groupes (par exemple, avec un IS Ă  25%, taxer 5% du dividende Ă©quivaut Ă  un taux effectif d’environ 1,25% sur le montant distribuĂ©). Autrement dit, les profits peuvent s’accumuler au niveau d’une holding presque sans frottement fiscal. Tant que l’argent reste dans la structure (et n’est pas versĂ© en salaire ou dividende au bĂ©nĂ©ficiaire ultime), il Ă©chappe en grande partie Ă  l’impĂŽt sur le revenu et aux cotisations sociales.

Ce rĂ©gime mĂšre-fille, tout Ă  fait lĂ©gal, explique en partie comment les milliardaires français peuvent minimiser leurs impĂŽts sans s’exiler. PlutĂŽt que de toucher directement des revenus taxĂ©s au taux marginal, ils laissent les gains dans leurs sociĂ©tĂ©s, qui ne paient presque pas d’impĂŽt dessus, puis rĂ©investissent ces sommes dans d’autres projets.. Le revers de la mĂ©daille, du point de vue de l’État, c’est que d’énormes masses d’argent Ă©chappent durablement Ă  l’impĂŽt grĂące Ă  ce montage pourtant courant. On parle de « niche fiscale » ou « d’optimisation » plus que de fraude : tout est conforme aux lois, mais l’esprit de justice fiscale en souffre. D’aprĂšs le dĂ©putĂ© centriste Charles de Courson, fervent opposant Ă  la taxe Zucman, ce mĂ©canisme a permis Ă  des centaines de milliards d’euros de s’accumuler hors d’atteinte du fisc. Il plaide pour qu’on « rĂ©forme [le rĂ©gime mĂšre-fille] plutĂŽt que d’adopter la taxe Zucman », estimant que « ce qu’il faut, c’est lutter contre l’optimisation fiscale », alors que « la taxe Zucman ne rĂ©pond absolument pas Ă  ce problĂšme » ConcrĂštement, rĂ©former le rĂ©gime mĂšre-fille signifierait alourdir l’imposition des holdings : par exemple, en augmentant la quote-part taxable (passer de 5% Ă  10% ou plus), ou en limitant certaines conditions d’exonĂ©ration. Cela rendrait moins intĂ©ressant le fait de tout garder en holding, et forcerait davantage de bĂ©nĂ©fices Ă  remonter vers les propriĂ©taires sous forme taxable. Une telle rĂ©forme pourrait potentiellement rapporter gros Ă  l’État, en ciblant prĂ©cisĂ©ment ces revenus aujourd’hui trĂšs peu taxĂ©s des grandes fortunes.

Le projet Ă  l’étude et ses limites. À l’automne 2025, dans la foulĂ©e de la mise au placard (temporaire) de la taxe Zucman, l’exĂ©cutif a laissĂ© entendre qu’il pourrait effectivement s’attaquer Ă  cette optimisation via les holdings. L’augmentation de l’impĂŽt sur les holdings – prĂ©sentĂ©e comme une « taxation du patrimoine financier » des ultra-riches – est ainsi avancĂ©e comme une alternative plus rĂ©aliste politiquement que la taxe Zucman, pour faire contribuer les hauts patrimoines. Pour le gouvernement, ce serait une maniĂšre de rĂ©pondre Ă  une certaine attente d’« Ă©quitĂ© » sans taxer directement l’outil de travail des entrepreneurs (la taxation porterait alors sur les avoirs financiers logĂ©s en holding, considĂ©rĂ©s comme plus liquides, plutĂŽt que sur les usines ou entreprises en tant que telles). Toutefois, les milieux d’affaires Ă©mettent des rĂ©serves : ils rappellent que le rĂ©gime mĂšre-fille n’est pas qu’un artifice des milliardaires, c’est aussi un pilier du financement des groupes de toutes tailles. Y toucher pourrait handicaper l’investissement productif, en renchĂ©rissant le coĂ»t fiscal de la distribution de dividendes Ă  l’intĂ©rieur d’un groupe. Par exemple, une PME en croissance qui fait remonter les bĂ©nĂ©fices de ses filiales pour les rĂ©injecter ailleurs verrait son efficacitĂ© fiscale rĂ©duite. Le risque serait alors de pĂ©naliser la compĂ©titivitĂ© des entreprises françaises vis-Ă -vis de leurs concurrentes Ă©trangĂšres, ou d’encourager la relocalisation des holdings vers des pays voisins Ă  fiscalitĂ© plus douce sur les sociĂ©tĂ©s. Le dĂ©bat est donc technique et dĂ©licat : comment empĂȘcher les ultras-riches de « jouer Ă  cache-cache avec le fisc » via des montages sophistiquĂ©s, sans nuire Ă  l’écosystĂšme entrepreneurial ?

Bourbon : “gardez-nous la main intacte !” Anthony Bourbon, en tant qu’entrepreneur-investisseur, suit de prĂšs ce dĂ©bat et s’alarme de toute surrĂ©glementation fiscale en la matiĂšre. S’il reconnaĂźt que cette option « c’est toujours mieux que la taxe Zucman » – qu’il juge, on l’a vu, totalement aberrante – il refuse l’idĂ©e qu’il faille trancher entre deux maux. « Zucman est tellement absurde, c’est comme si on te disait : on va te couper un bras. Augmenter l’impĂŽt sur les holdings, c’est : on va te couper un doigt
 Je prĂ©fĂšre garder ma main intacte », image-t-il pour exprimer son opposition Ă  tout nouveau prĂ©lĂšvement. Selon lui, toute solution de taxation supplĂ©mentaire est une erreur dans le contexte actuel. LĂ  encore, Bourbon revient Ă  son argument clef : on ne peut pas impunĂ©ment ponctionner l’argent qui est en train d’ĂȘtre investi et crĂ©ateur d’activitĂ©. « Moi, tout mon argent, je le rĂ©investis
 Donc tout ce que l’État me prend, c’est de l’argent que je n’injecte pas dans l’économie active », explique-t-il. Autrement dit, les fonds laissĂ©s dans ses holdings ne dorment pas : ils servent Ă  financer des start-up, Ă  embaucher, Ă  innover. Les taxer davantage, c’est diminuer d’autant la capacitĂ© de ces capitaux Ă  irriguer l’économie rĂ©elle. Bourbon se dit convaincu qu’en encourageant plutĂŽt ces rĂ©investissements, on rĂ©coltera Ă  terme bien plus de croissance – et mĂȘme de recettes fiscales indirectes – que par une taxation Ă  courte vue.

Pour l’entrepreneur, le signal envoyĂ© par un durcissement fiscal sur les holdings serait dĂ©sastreux : « on devrait valoriser les riches qui investissent et qui travaillent, plutĂŽt que les faire fuir », plaide-t-il. À ses yeux, la France devrait au contraire faciliter la vie de ceux qui entreprennent, plutĂŽt que de multiplier les mesures perçues comme de la dĂ©fiance ou de la sanction. Il rejoint en cela l’idĂ©e d’une fiscalitĂ© « mĂ©ritocratique », qui distinguerait entre « le riche qui bosse et le riche qui ne fout rien ». « J’en ai autour de moi », raconte Bourbon. « Il y a celui qui a hĂ©ritĂ©, qui n’a jamais travaillĂ© et qui dilapide sa rente, et celui qui a créé cinq ou six boĂźtes et embauchĂ© des centaines de personnes. C’est trĂšs diffĂ©rent ». Or, les mesures comme la taxe sur les holdings risquent d’affecter tout le monde indistinctement. Lui milite pour qu’on Ă©pargne au maximum ceux qui crĂ©ent de la valeur et des emplois, mĂȘme s’il faut pour cela complexifier un peu le systĂšme fiscal pour adapter les barĂšmes. Cette vision soulĂšve des dĂ©fis pratiques (comment mesurer le “mĂ©rite” ou la contribution de telle fortune Ă  l’économie ?), mais elle a le mĂ©rite de poser le dĂ©bat en des termes moins idĂ©ologiques : qui taxer plutĂŽt que combien taxer.

Vers une réforme de fond : dépenser mieux, taxer autrement ?

Les polĂ©miques autour de la taxe Zucman, de la flat tax ou de l’imposition des holdings traduisent une frustration partagĂ©e sur l’état du modĂšle fiscal français, mais proposent des remĂšdes radicalement diffĂ©rents. D’un cĂŽtĂ©, ceux qui appellent Ă  plus de solidaritĂ© fiscale estiment qu’il est normal, face Ă  la crise des finances publiques et aux inĂ©galitĂ©s croissantes, de faire contribuer davantage les plus riches – que ce soit via un impĂŽt sur la fortune version Zucman, un alignement Ă  la hausse de la fiscalitĂ© de l’épargne, ou la fermeture de niches comme le rĂ©gime mĂšre-fille. En face, des voix comme celle d’Anthony Bourbon alertent sur le risque de tuer la poule aux Ɠufs d’or : Ă  force de vouloir trop taxer le capital et la rĂ©ussite, la France ferait fuir ses entrepreneurs, ses investisseurs et ses forces vives, pour un bĂ©nĂ©fice budgĂ©taire incertain.

Bourbon, lui, en appelle Ă  une rĂ©volution culturelle et politique en matiĂšre de fiscalitĂ©. Ancien jeune en situation prĂ©caire devenu millionnaire self-made, il incarne une forme de « rĂȘve français » qu’il voudrait voir accessible Ă  tous. Il comprend la colĂšre de ceux qui peinent Ă  boucler les fins de mois et trouvent indĂ©cent l’enrichissement d’une Ă©lite – « je comprends la frustration des pauvres
 c’est insupportable de se sentir condamnĂ© Ă  sa classe sociale », confie-t-il – mais il est convaincu que la solution passe par la mĂ©ritocratie et l’espoir, plutĂŽt que par la punition aveugle de la richesse. « J’essaie d’envoyer un message aux jeunes en leur disant : vous aussi, vous pourrez l’ĂȘtre un jour [riches] », dĂ©clare Anthony Bourbon, « et pour cela il faut favoriser l’entrepreneuriat, l’innovation, comme c’est le cas aux États-Unis ». Il suggĂšre de rĂ©compenser l’initiative : par exemple, allĂ©ger fortement l’impĂŽt pour un crĂ©ateur d’entreprise qui rĂ©investit ses profits, quitte Ă  compenser par une taxation plus forte des fortunes purement hĂ©ritĂ©es ou oisives. Il insiste Ă©galement sur l’efficacitĂ© de la dĂ©pense publique : chaque euro Ă©conomisĂ© sur le train de vie de l’État, dit-il, est un euro qui peut rester dans la poche des citoyens ou ĂȘtre investi utilement ailleurs.

Ce discours tranche avec une certaine tradition française de mĂ©fiance envers l’enrichissement individuel, mais il rejoint des prĂ©occupations grandissantes chez de nombreux entrepreneurs et Ă©conomistes. Faut-il rĂ©former en profondeur le systĂšme fiscal français pour le rendre Ă  la fois plus juste et plus incitatif Ă  la croissance ? Comment mieux distinguer la rente improductive de la richesse crĂ©atrice ? Le dĂ©bat est ouvert. En attendant, les projets comme la taxe Zucman ou la hausse de la flat tax demeurent en suspens, symptĂŽme d’une hĂ©sitation nationale sur la voie Ă  suivre. Taxer plus les riches, au risque de ralentir l’économie, ou dĂ©penser mieux et libĂ©rer les Ă©nergies, au risque de bousculer l’ordre Ă©tabli ?

Anthony Bourbon, lui, a fait son choix. « Je ne crois plus aux politiques, ni de droite ni de gauche. Je pense que c’est le peuple qui doit reprendre le pouvoir », affirme-t-il, appelant de ses vƓux un sursaut collectif. En attendant une Ă©ventuelle rĂ©volution fiscale, son tĂ©moignage apporte un Ă©clairage sans concession sur l’autre face du dĂ©bat : celle qui prĂŽne la responsabilitĂ© budgĂ©taire et la confiance en ceux qui entreprennent. Accessible et pĂ©dagogique, le dĂ©bat fiscal français contemporain gagne Ă  confronter ces points de vue pour, peut-ĂȘtre, inventer un nouveau modĂšle alliant mĂ©rite et solidaritĂ©.


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