🇫🇷​ 1,7 milliard d'euros annoncés pour financer la défense

On parle de BYD qui révolutionne la recharge électrique, de Poutine qui accepte une trêve, de la bourse indienne qui chute, du nouveau produit d'épargne pour financer la défense, et de la perte record de la Banque de France. Pour le décryptage, on parle des 1,7 milliard d'euros annoncés par l'État pour soutenir le secteur de la défense.

Économix
7 min ⋅ 20/03/2025

Voici ce que j’ai pour vous cette semaine :

LE CONSTRUCTEUR CHINOIS BYD PROMET UNE RECHARGE DE SES VOITURES ÉLECTRIQUES EN 5 MINUTES

Baptisé "Super e-Platform", le nouveau système présenté par BYD lundi soir promet une prouesse inédite : une charge de pointe à 1 000 kW, permettant à certains véhicules de récupérer plus de 400 km d'autonomie en 5 minutes de recharge, soit à peu près le temps d’un plein d’essence à la station service, c’est d’ailleur ce qu’a déclaré le patron de BYD : “Notre objectif est de faire en sorte que le temps de charge des véhicules électriques soit aussi court que celui des véhicules thermiques”. A titre de comparaison, Tesla utilise un système à 400 volts offrant une puissance de recharge maximale de 250 kW pour la plupart de ses modèles. BYD a présenté la “Super e-Platform” en même temps que deux nouveaux modèles de véhicules électriques qui seront les premiers à être équipés du système : la berline Han L et le SUV Tang L. L’entreprise dont le siège est à Shenzhen a dévoilé un plan pour construire plus de 4000 stations de charge ultra rapide en Chine. Cette expansion fait suite à une croissance impressionnante, les ventes de février ayant grimpé de 161% pour atteindre plus de 318.000 véhicules électriques et le cours de l’action de BYD est en hausse de plus de 50% depuis le 1er janvier. Pendant ce temps, Tesla a vu ses ventes chuter de 49% sur le marché chinois au cours de la même période, et le cours de l’action du constructeur américain est en baisse de plus de 40% depuis le 1er janvier. 

TESLA VS BYD - Zonebourse

En termes de stations de charge ultra rapide, BYD doit rattraper son retard sur Nio, un autre constructeur chinois, qui possède déjà le réseau de recharge le plus dense du pays avec près de 2 700 stations rapides. Tesla, présent en Chine depuis 2014, exploite plus de 2 000 stations et 11 500 Superchargers. 

POUTINE A ACCEPTÉ D’INTERROMPRE PENDANT 30 JOURS LES FRAPPES SUR LES INFRASTRUCTURES ÉNERGÉTIQUES EN UKRAINE

C’est ce qu’a déclaré le Kremlin à l'issue d’un appel téléphonique entre le président russe et Donald Trump. L’Ukraine, elle, avait de son côté déjà formulé une proposition de trêve mutuelle dans les frappes alors que Kiev ciblait régulièrement les raffineries et infrastructures pétrolières et gazières russes. Si les infrastructures énergétiques sont épargnées pendant 30 jours, les dirigeants ne se sont pas accordés pour le cessez-le-feu inconditionnel et total voulu par Donald Trump, déjà accepté par Kiev. Poutine a réclamé “l'arrêt complet” de l'aide militaire occidentale et du partage de renseignements fourni à l'Ukraine, ce qui permettrait selon le Kremlin à “empêcher une escalade du conflit et œuvrer à sa résolution par des voies politiques et diplomatiques”. Par ailleurs, le Kremlin a indiqué que la Russie et l’Ukraine procéderont  à un échange de 175 prisonniers de guerre de chaque camp ce mercredi. De son côté, Emmanuel Macron a déclaré ce mardi lors d’une visite à la base aérienne 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur : “Nous continuerons de soutenir l’Ukraine face à la guerre d’agression parce que nous savons par notre Histoire et dans notre géographie, en particulier ici, ce qu’être occupé signifie”. Il a également indiqué que la base aérienne “va bénéficier d’investissements massifs pour accueillir les deux prochains escadrons de Rafale qui seront équipés de missiles nucléaires hypersoniques”. Un vaste chantier sera ainsi lancé et près d’1,5 milliard d’euros seront investis par l’État pour moderniser la base et ce qui permettra de doubler les capacités pour atteindre près de 2 000 militaires et civils à l’horizon 2035.

LA BOURSE INDIENNE A LOURDEMENT CHUTÉ EN BOURSE

Après avoir atteint un record à presque le 27 septembre dernier, le Sensex, l'indice boursier de référence du pays, a dégringolé de 12 % en 5 mois, tout comme l’indice Nifty 50, qui rassemble les 50 principales capitalisations boursières du pays. Une tendance qui s’explique par plusieurs facteurs : Déjà, ces quatre dernières années, la Bourse indienne a été portée par des profits impressionnants. Le bénéfice par action des entreprises du Nifty 50 a doublé entre 2020 et 2024, mais ces 5 derniers mois, plusieurs grosses entreprises indiennes ont annoncé des bénéfices moins bons que prévu, sur fond de ralentissement de la demande intérieure et de coûts de production en hausse. Typiquement, le bureau nationale des statistiques (NSO) indien a prévu une croissance du PIB de 6,4 % pour l'année fiscale se terminant en mars 2025, soit le taux le plus bas depuis quatre ans, en raison d'un affaiblissement du secteur manufacturier et d'un ralentissement des investissements des entreprises. Par ailleurs, la victoire de Donald Trump à la présidentielle américaine au mois de novembre a aggravé la situation avec la hausse du dollar et du rendement des obligations américaines à 10 ans. Généralement, les investisseurs se ruent sur les marchés émergents pour obtenir des taux de rendement élevés. Une stratégie qui perd de son intérêt lorsque les obligations américaines, des actifs plus sûrs que les actions indiennes, offrent subitement des rendements élevés. Ces facteurs contribuent à faire fuir les investisseurs. Au mois d'octobre, les investisseurs étrangers ont vendu pour 10,4 milliards d'euros d'actions et d'obligations indiennes, puis 2,4 milliards d'euros en novembre et 7,8 milliards d’euros en janvier.

SENSEX & NIFTY 50 - Zonebourse

LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS LANCE UN PRODUIT DE PLACEMENT POUR FINANCER LA DÉFENSE À PARTIR DE 500€

Les français vont donc pouvoir participer à l’effort de réarmement de l’Europe en plaçant leur argent sur un produit d’épargne dont l’investissement initial minimum est de 500 euros a annoncé le ministre de l’Économie Éric Lombard. Les contours précis de ce produit ne sont pas connus, mais le ministre a précisé que le montant du placement pourra aller jusqu’à quelques milliers d’euros, les fonds seront bloqués pendant au moins 5 ans ce n’est donc pas comme le Livret A où l’épargne est disponible tout de suite, et il n’a en revanche pas précisé le taux de rémunération de ce produit de placement pour le moment. Ce fonds devrait rapporter 450 millions d’euros pour financer l’industrie de la défense. Cette contribution se fera sur la base du volontariat et sera directement gérée par les réseaux bancaires et d’assurance. Éric Lombard a par ailleurs estimé que les entreprises du secteur de la défense auront besoin "à peu près de 5 milliards d'euros de fonds propres, de capitaux nouveaux" afin de monter en cadence dans le cadre de l'effort national de défense. Ces 450 millions d’euros estimés ne constituent qu’une petite partie des ambitions du gouvernement en termes de défense. Cette annonce intervient alors que le ministère de l’Économie va recevoir, ce jeudi, des investisseurs et des entreprises de défense dans le cadre de l’effort national réclamé par Emmanuel Macron début mars.

LA BANQUE DE FRANCE A ENREGISTRÉ UNE PERTE NETTE RECORD DE 7,7 MILLIARDS D’EUROS EN 2024

Ce mercredi, la Banque de France a publié un rapport qui montre que l’envolée des taux d'intérêt a mis à mal les finances de l’institution. Alors déjà pour bien comprendre, la Banque de France n’a pas le même rôle que les banques commerciales comme la Caisse d’Epargne, le Crédit Agricole ou encore la Société Générale. La Banque de France est la banque centrale du pays, elle ne peut pas faire faillite, elle est chargée de la stabilité financière et de la supervision bancaire sous l’égide de la Banque centrale européenne (BCE). Les banques commerciales peuvent emprunter auprès de la Banque de France à court terme via les opérations de refinancement, elle peut intervenir en cas de crise et veiller à la solidité financière des banques commerciales. Pour faire simple, elle est garante du bon fonctionnement du système bancaire français. Pour en revenir à la perte de nette de la Banque de France en 2024, celle-ci s’explique par deux facteurs. Le 1er correspond à la période avant 2022, lorsque la Banque de France a acheté massivement des obligations d’État et d’entreprises à des taux fixes très bas (~0,7 %) conservées pendant plusieurs années dans une période où les taux directeurs de la BCE avoisinant les 0%. Le problème étant qu’à partir de 2022 la BCE a remonté les taux d'intérêt directeurs pour lutter contre l’inflation à plus de 4%, ce qui a mécaniquement augmenté le taux de dépôt, c’est-à-dire le taux auquel la banque centrale rémunère les banques commerciales qui déposent leur argent auprès d'elle. Cela signifie très concrètement que la Banque de France a dû payer 4 % sur les dépôts des banques commerciales, alors qu'elle ne gagnait que 0,7 % sur ses obligations d’État achetées auparavant. Cela entraîne donc naturellement des pertes pour la Banque de France. La situation s’améliorera une fois que les anciennes obligations arriveront à échéance et seront remplacées par des obligations mieux rémunérées. 


L’exploration Éco de la semaine

Défense : l’État met 1,7 milliard sur la table

1,7 milliard d’euros. C’est le montant que la France va injecter dans l’industrie de la défense via ses investisseurs publics. Objectif ? Débloquer jusqu’à 5 milliards d’euros grâce aux co-investissements privés. Éric Lombard, directeur général de la Caisse des Dépôts, a martelé un message clair : investir dans la défense est une responsabilité, pas un tabou.

L’État muscle son soutien à l’industrie militaire

L’annonce est tombée lors d’un sommet à Bercy réunissant industriels et financiers du secteur. Aux côtés de Bpifrance, la Caisse des Dépôts va allouer 1,7 milliard d’euros en capital, avec un effet de levier qui pourrait porter les fonds propres mobilisés à 5 milliards d’euros. Un signal fort envoyé aux investisseurs privés, encore jugés trop prudents.

“Certains estiment que financer la défense est incompatible avec une politique environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) ambitieuse. C’est faux”, a asséné Lombard devant une salle acquiesçante. “Investir dans la défense, c’est protéger notre souveraineté, nos valeurs et notre démocratie”

Produire des armes, un devoir stratégique

La frilosité des investisseurs privés sur le secteur militaire est perçue comme un risque stratégique. Lombard n’a pas mâché ses mots : il faut s’affranchir des blocages idéologiques. La France a d’ailleurs plaidé pour que l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) reconnaisse que le secteur de la défense puisse être inclus dans l’investissement socialement responsable (ISR), à l’exception des armes interdites par les traités internationaux.

Sébastien Lecornu, ministre des Armées, a enfoncé le clou : “Produire des armes, ce n’est pas sale.” Un rappel essentiel dans un contexte où la position des États-Unis vis-à-vis de l’Ukraine évolue et où la menace russe pèse sur l’Europe.

Une industrie stratégique en quête de capitaux

Le secteur de la défense repose sur une base industrielle et technologique (BITD) puissante : 9 grands groupes comme Thales, Dassault, Airbus ou Safran, et un écosystème de 4 500 PME, dont 800 identifiées comme critiques. L’objectif de ce financement massif ? Booster la production, soutenir l’innovation, et permettre aux entreprises stratégiques de se développer à l’échelle nécessaire pour répondre aux besoins croissants des armées.

L’État veut briser ce tabou. Et avec 1,7 milliard d’euros en jeu, il espère bien entraîner les capitaux privés dans son sillage. Si certains s’attendaient à un grand emprunt national ou à une ponction directe sur l’épargne des Français, Bercy dément catégoriquement ces scénarios. Pas de confiscation, pas de taxation forcée, mais une incitation massive à investir volontairement.

Cette réunion n’est que le début : selon Bercy, elle marque un point de départ dans la réflexion sur les futurs modes de financement de la défense française. Consolidation des groupes, réformes du secteur, nouvelles stratégies d’investissement… L’industrie de l’armement se prépare à un nouveau cycle, avec un État qui ouvre la voie et des investisseurs privés attendus au rendez-vous.


Le Graph’ de la semaine


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Laurent - Cosmos Finance

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